
Jérémie PORSAN CLÉMENTÉ est un joueur de l’AS Saint-Étienne depuis juin 2019. Si ses débuts avec le club se sont bien passés, une rupture des ligaments croisés est rapidement venue stopper sa progression. Après une longue période de convalescence et à quelques semaines de son retour sur les terrains, nous sommes revenus sur son parcours depuis le Montpellier Hérault Sport Club.
Jérémie, lors de notre dernière discussion, tu étais encore à Montpellier. Parle-nous de la fin de ton aventure avec le MHSC.
À Montpellier, ça s’est très bien terminé ! Au moment où je quitte le club, on est champion de National 3 et on monte en National 2. Avec les pros, ça s’est très bien terminé aussi. J’étais souvent dans le groupe, je faisais quelques bancs en Ligue 1.
Pourquoi avoir quitté Montpellier alors que tu revenais bien en fin de saison ?
J’ai eu une discussion avec le coach, le président et le directeur sportif. Ils ont été très clairs avec moi. Ils m’ont dit que j’étais un jeune de talent et d’avenir; qu’il fallait être patient et travailler pour avoir ma chance car vu la bonne saison du club, ils allaient garder les mêmes bases pour la saison suivante. Mais j’arrivais à un âge où être sur le banc ne me suffisait plus même si j’étais content du travail effectué. À 21 ans, j’étais un éternel “espoir”, je cumulais à peine 10 matchs de L1.
Tu choisis donc l’AS Saint-Étienne pour ce nouveau défi. Comment s’est passée ton arrivée au club ? (2019)
C’est un bon club du championnat de France, ils sortaient d’une très bonne saison où ils avaient fini 4ᵉ. Ils avaient pour projet de faire jouer les jeunes. Mon arrivée au club s’est bien passée, les infrastructures sont bien, mes coéquipiers m’ont mis à l’aise. Le cadre de vie me plait bien, c’est calme, paisible !
Tu faisais quelques bancs en L1 avec Montpellier, tu pars à Saint-Étienne pour évoluer en N2. N’as-tu pas l’impression d’avoir fait un bond en arrière ?
Certains peuvent voir ça comme un bond en arrière mais pas moi. Je suis arrivé à Sainté avec des garanties car l’entraîneur c’était encore Ghislain PRINTANT. Il me connaissait déjà parce que je jouais avec son fils à Montpellier, il connaissait mes qualités. Je savais qu’il allait me donner ma chance de démontrer mes qualités en L1 si j’étais performant.
Quelques mois après ton arrivée à l’ASSE, tu portais le brassard de capitaine. Qu’est-ce que cela représentait pour toi ?
Ça a été un bon symbole pour moi car ça montrait que le coach et le club croyaient en moi. Ça m’a permis aussi de me responsabiliser car avoir le brassard de capitaine ce n’est pas juste pour un match. C’est au quotidien, à l’entraînement, dans les avant-séances, c’est montrer l’exemple. Ça m’a permis d’être responsable donc j’ai été très heureux de porter le brassard de capitaine.
En mai 2020, tu te blesses : ligaments croisés. Comment cette blessure est-elle arrivée ?
C’était en sortant du confinement, on a reçu un programme de pré-saison du club comme d’habitude pour être prêt à la reprise. En faisant un appui, mon genoux est resté bloqué et la suite on la connaît…
En très peu de temps, tu connais deux grosses blessures qui nécessitent des opérations. Comment as-tu accueilli celle-ci ?
Ça n’a pas été évident mentalement car je sortais d’une grosse blessure avec l’équipe de France au niveau du métatarse (NDLR : en 2018). Je m’étais très bien préparé durant le confinement pour attaquer la nouvelle saison parce que j’avais des objectifs. Finalement, je me fais les ligaments croisés. Le verdict tombe, on te dit que pendant 8 mois tu ne pourras pas exercer ta passion… C’était très dur mentalement, c’était une très grosse opération puisque j’avais aussi les deux ménisques avec… Ce n’était pas une épreuve facile à accueillir.
Que retiens-tu de cette période ?
Ça m’a renforcé, tu vois la vie autrement ! En sortant de l’opération, tu es sur un canapé durant 3 semaines. Tu ne peux pas bouger. Tu ne sais même pas vraiment si tu vas marcher à nouveau. Tu te déplaces en fauteuil roulant. Tu vois ta jambe perdre du muscle. Tu prends conscience de la chance que tu as de jouer au foot, de marcher, de courir, d’être en bonne santé. Une fois que tu marches, tu es content car ça fait un mois et demi que tu ne l’avais pas fait. Ensuite, tu dois refaire de la course, du vélo… Tu savoures toutes les petites étapes ! La rééducation est très longue, c’est un marathon. Il y a des jours où ça va et d’autres non. Je pense que mentalement, ça m’a plus que forgé. C’est l’étape qui me manquait pour avoir le déclic, pour pouvoir passer un cap, m’installer définitivement dans un club et montrer de quoi je suis capable.
Est-ce que la situation sanitaire actuelle a eu une influence sur ta rééducation ?
Le covid n’a pas eu de répercussion sur ma rééducation car étant sportif de haut niveau, j’ai eu droit à de bons soins. On sortait du confinement quand j’ai débuté la rééducation donc il n’y avait plus trop de restrictions sanitaires et j’ai pu directement aller à Clairefontaine 3 semaines après l’opération.
Justement, tu as pu profiter des installations et des professionnels de Clairefontaine durant cette période, qu’est-ce cela t’a apporté ?
C’était une façon de me rassurer ! Je savais que j’étais entre les mains de l’un des meilleurs centre de rééducations de France, si ce n’est le meilleur, avec des kinés de très grande qualité. J’ai fait les 3⁄4 de ma rééducation là-bas (17 semaines) en alternant avec le club qui devait faire mon suivi en parallèle. Ça m’a apporté de la responsabilisation, c’est-à-dire qu’avant d’être blessé tu connais ton corps mais sans réellement le connaître. Cette blessure-là et la rééducation à Clairefontaine m’ont appris à mieux connaitre mon corps et savoir ce dont j’avais besoin. Ce sont choses que je pensais banales avant mais qui sont importantes pour un athlète de haut niveau comme les routines d’avant entraînement ou le côté préparation. Ça m’a énormément apporté car on est suivi par un nutritionniste, un psy, si tu as besoin de parler de ta blessure, par 2 docteurs, les kinés… Il y a vraiment tout un suivi derrière la rééducation, tout est fait pour que le joueur s’occupe uniquement de sa blessure. Ça m’a permis aussi de voir certains potes qui venaient en équipe de France au Château pendant que j’étais là-bas ! C’est un environnement où je me suis senti très à l’aise et d’ailleurs je remercie le club de Saint-Étienne qui m’a permis de faire ma rééducation là-bas et Clairefontaine qui m’a accueilli.
Où en es-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis de retour au club à Saint-Étienne. J’ai validé tous les tests, le chirurgien m’a donné son accord pour la reprise. Là j’ai repris les entraînements petit à petit, au début sans contact puis avec contact. Une fois que je me sentirai à l’aise sur le terrain, avec l’accord du chirurgien et de l’ensemble du staff, je reprendrai les matchs petit à petit. J’espère un retour à la compétition d’ici 3 à 4 semaines.