Élodie dort, boit et mange football selon ses mots. Cette passionnée du ballon rond est la créatrice de Kréyol Diaspower. Un blog qui permet à ses lecteurs de suivre les talents antillo-guyanais qui évoluent dans les clubs à travers le monde. Après une pause pour se recentrer sur l’évolution de son blog, elle revient. Chaussez vos crampons !
En quelle année as-tu décidé de créer Kréyol Diaspower (KDP) ?
L’idée d’un blog du nom de Kréyol Diaspower n’est pas venue tout de suite. Le premier rapport que j’ai eu avec le fait de parler de foot est venue alors que j’étais à la fac. Je devais faire un exposé et bien sûr j’ai choisi le foot. Sachant que je n’avais que des filles dans ma classe et qu’il fallait les intéresser, j’ai décidé d’évoquer le foot féminin. J’allais à Lyon tous les deux week-ends. Je me suis dit qu’il fallait que j’entre en contact avec des joueuses comme Wendie Renard et Mylène TARRIEU. J’ai « harcelé » Wendie Renard sur Twitter jusqu’à ce qu’elle me réponde. Je suis partie à Lyon un week-end et j’ai travaillé avec les deux joueuses. Avec cette expérience l’idée qu’il y avait peut-être quelque chose à faire sur le foot et l’écriture a commencé à germer.
J’ai déménagé à Lyon en 2014. Ma passion pour le ballon rond est devenue encore plus palpable. J’étais au foot tout le temps. Le week-end j’étais à Gerland avec les garçons, à la Plaine des jeux avec les filles… Le foot coulait dans mes veines. Cela m’a encore plus confortée dans l’idée qu’il fallait que je fasse quelque chose. J’ai pensé à un blog sur les filles de l’OL. Mais le foot féminin n’étant pas très médiatisé j’ai eu peur que ce soit difficile à suivre. Petit à petit l’idée de travailler sur des jeunes antillo-guyanais est arrivée. J’ai eu l’aide de Marine au début de la création, dans le choix du nom et du logo. Elle m’a aidée à poser mes idées.
En 2015 le blog est né.
Quel est le but premier de KDP ?
Tout d’abord, c’est un besoin de parler de foot ; j’’avais tellement de foot en moi qu’il fallait que j’en parle. Ensuite je voulais mettre en lumière le travail des footballeurs. Et encore plus le travail des joueurs ultramarins qui sont confrontés à l’éloignement, les conditions climatiques différentes mais aussi à l’adaptation à un nouveau rythme de vie. Je voulais casser cette image à laquelle ils sont associés. Ce n’est pas juste dire qu’ils sont jeunes et qu’ils ont réussi parce qu’ils sont dans des centres de formation en Métropole. Je voulais mettre en avant le fait que tout n’est pas simple et qu’ils peuvent aussi passer par des galères. Surtout qu’ils ne sont pas toujours épaulés.
Ce ne sont pas simplement des mecs qui courent derrière un ballon. J’ai pu voir comment ils donnaient tout lors des entraînements. Je voulais montrer que cette idée était très réductrice. Je voulais aller plus loin et mettre en lumière ce qu’il y avait derrière, le travail des footballeurs.
En 2017, tu décides de mettre KDP en pause. Peux-tu nous dire pourquoi ?
J’ai mis le blog en pause il y a un an. À la base ça devait durer six mois. J’avais besoin de donner un nouvel élan au blog. KDP est devenu populaire mais je ne trouvais plus très exceptionnel ce que j’y faisais. Avec tous les blogs que l’on trouve maintenant sur le net, je ne me trouvais plus originale. Je me suis dit « tu t’es perdue en route, quelqu’un t’a rejoint ». Mon travail ne correspondait plus à ce que je voulais. Je voulais mettre de nouvelles choses en place. Aller à la rencontre des joueurs avec ma caméra, les filmer dans leur quotidien. Je voulais me différencier des autres, j’avais le désir d’évoluer encore. L’idée était de faire un break afin de mieux repartir, mais rien ne s’est passé comme prévu.
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées ?
Le plus gros souci que j’ai rencontré est au niveau de ma santé. J’ai eu un problème à mon bras gauche que je traîne depuis un an. Avec ce souci, rien ne s’est passé comme je l’avais prévu. J’en étais à un stade où faire mes courses ou m’habiller était compliqué. KDP est tout pour moi, mais je n’arrivais pas à écrire. Donc, la prolongation de la pause s’est imposée à moi.
J’avais aussi besoin de moyens matériels et financiers pour faire évoluer mon blog. J’ai cherché des sponsors, mais je n’ai pas eu de réponses positives. Étant encore étudiante avec un job d’assistante d’éducation, je ne voulais pas investir mes propres revenus. Pas parce que je ne crois pas en mon projet mais je ne voulais pas investir d’un côté sans avoir de rentrées d’autre part.
J’ai voulu faire un événement en Martinique. Mais là, la distance a eu raison de la réussite du projet. J’ai démarché des entreprises, des associations mais ça n’a pas suivi. Je n’ai pas eu le soutien que j’espérais, j’ai commencé à douter à me demander si tout cela valait le coup et n’était pas trop ambitieux.
As-tu abandonné l’idée d’aller à la rencontre des joueurs avec ces soucis rencontrés ?
Non je n’ai rien abandonné mais il faudra un peu plus de temps pour mettre tout cela en place. Pour le moment je vais relancer le blog sous sa forme originelle, les interviews écrites. La pause m’a permis de bien reposer les choses. Mon envie de parler du foot est toujours là. Je me dis qu’il vaut mieux écrire que ne rien faire du tout ! J’ai toujours cette envie de partager. Le fait d’écrire à nouveau va me permettre de me remotiver et de repartir à la recherche de sponsor. J’ai juste été freinée dans mes projets mais pas arrêter.
Où en est l’événement en Martinique aujourd’hui ? Tu peux nous en dire plus ?
Pour ce qui est de l’événement, je pense que ce sera en juillet 2018. Je suis toujours à la recherche de moyens afin de le concrétiser. D’ailleurs je lance un appel : si vous me lisez et que vous connaissez des personnes qui peuvent être intéressées pour s’investir dans ce projet avec moi… Certains points commencent à se concrétiser, d’autres moins, mais je ne vais pas trop en dire. Je me suis laissé du temps pour tout préparer. L’événement aura lieu même si je sais que je vais rencontrer d’autres murs. En même temps je ne me mets pas une pression folle. S’il doit avoir lieu plus tard que juillet 2018, ce n’est pas grave. Je ne veux pas vivre cela comme un échec.
Peux-tu nous dire comment tu vois KDP dans cinq ans ?
Ce n’est plus quelque chose que j’arrive à faire. Non pas que je ne crois pas en KDP, mais la vie m’a déjà montré que tu peux te projeter, mais si ce n’est pas ce qu’elle te réserve ce n’est pas ce que tu auras. Je préfère y aller petit à petit. Je vois pour les six prochains mois, dans un premier temps publier des articles de façon régulière les prochaines semaines.
Après je pense que d’ici à cinq ans il y aura une belle évolution. KDP ne sera plus un simple blog. Je prévois des rencontres, les choses vont évoluer, mais je ne peux pas tout dire. Je suis sûre que le blog continuera d’exister, mais en version améliorée. J’espère que l’on sera encore plus nombreux à soutenir KDP, que j’aurais toujours autant de joueurs qui acceptent mes interviews. D’ailleurs je les remercie car si KDP a vu le jour, c’est bien grâce aux joueurs et joueuses. J’ai toujours eu un accueil positif, ils sont toujours disponibles. C’est aussi grâce à ceux qui me lisent et n’hésitent pas à partager autour d’eux. Un grand merci.
On l’appelle chien boul