
Paul Maluzebi est un consultant sportif, passé par un petit club à Montmagny puis recruté par le Racing Club de France à 14 où il avait alors intégré le Sport-étude. Aujourd’hui c’est hors des terrains avec ses business Partner Justin Gomis et Bruno Motila, avocats, qu’il s’occupe de conseiller des joueurs professionnels, guider des jeunes joueurs et joueuses de football professionnels ou non.
Il fait également du recrutement pour des clubs en France et en Grande-Bretagne. Nos routes se sont croisées le jour où un de ses poulains a voulu une approbation pour une interview sur mon blog. S’en est alors suivi une longue conversation sur ce sport que nous affectionnons. C’est tout naturellement que je lui ai proposé de répondre à quelques questions et de partager avec vous ce qui est ressorti de notre échange.
Comment as-tu commencé ce métier de consultant sportif ?
Un de mes anciens coéquipiers du Racing, Mickael Herbet, a signé au Celtic de Glasgow et moi je jouais à Clydebank en marge de mon travail de traducteur et prof de français à l’université de Glasgow. Je l’ai aidé dans ses démarches et c’est comme cela que tout a commencé. J’ai d’abord été traducteur anglais-espagnol pour des joueurs professionnels, lors d’interviews ou de conférences de presse, avant de devenir conseiller personnel notamment de Dianbobo Balde qui m’a bien mis le pied à l’étrier.
Est-ce que cela a été difficile de se faire une place dans ce monde ?
J’ai eu la chance de commencer avec des joueurs de très haut niveau qui disputaient la Champions League et étaient internationaux, donc ça m’a ouvert des portes dès le début. Le plus compliqué et c’est assez bizarre, a été de rencontrer les clubs de CFA ou national et les clubs de foot féminin parfois.
Nos chemins se sont croisés car tu gères les intérêts de joueurs qui doivent traverser les océans pour vivre leur passion.
Je ne travaille pas particulièrement avec des Kreopolitains ou Antillais, mais c’est vrai que parmi mes joueurs et joueuses il y en a. Ça m’a familiarisé avec leur environnement et leur culture que j’ai appris, mais aussi avec les contraintes et les spécificités que cela engendre en termes de distance avec leur famille, dépenses de transport etc.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres avec ces joueurs “venus d’ailleurs” ?
Les difficultés avec ces joueurs et joueuses d’outre-mer, outre l’adaptation à la vie en métropole, résident dans le fait qu’ils sont désavantagés rien que par la distance qui les sépare de leur foyer. Financièrement ça revient très cher. Des aides sont parfois disponibles au niveau régional, mais elles sont assujetties à des critères sur des bases nationales comme la classification « Joueurs/euses de haut niveau ».
Qu’est-ce que cette classification de joueur de haut niveau ?
La classification de sportif/ve de haut niveau est un statut délivré par le Ministère de la Jeunesse et des sports afin d’aider les sportifs de l’élite dans leur carrière et faciliter leur préparation aux compétitions majeures. Tous les ans une mise à jour de cette liste de sportifs de haut niveau a lieu. En général, elle est publiée au mois de novembre. Elle est déterminée par les instances nationales or quand vous êtes des îles, que vous êtes un international français et que vous êtes évidemment peu nombreux dans l’île dans ce cas, évidemment que tu es une sportive de haut niveau… Pourtant, au ministère des Sports et à la Fédération ce n’est pas toujours évident pour les joueurs d’être reconnu comme tel. Pour un métropolitain ça n’a pas forcément une importance majeure, mais pour les îliens, s’ils peuvent bénéficier d’aides pour le transport ou l’intendance grâce à ce statut, c’est crucial. Les autres athlètes qui ont ce statut peuvent bénéficier d’aides des collectivités régionales ou départementales auxquelles elles appartiennent et obtiennent des avantages et des aides matérielles ou simplifications de certaines démarches académiques comme aménagement d’emploi du temps pour les études, etc…
D’après toi, quelles seraient les choses à mettre en place pour une meilleure reconnaissance ou prise en charge de ces joueurs ?
Si la Fédération souhaite ne négliger aucun potentiel d’outre-mer, il faudrait mettre en place un système spécifique d’accueil et d’aide pour ces jeunes sportifs et sportives qui débarquent d’outre-mer et réellement prendre en compte les différences liées aux particularités de nos territoires d’Outre-Mer.
À ton niveau, comment fais-tu pour aider ces joueurs ?
À mon petit niveau, je conseille mes joueurs et joueuses sur la meilleure manière d’optimiser leur revenu ainsi que leur emploi du temps vis-à-vis de leur activité footballistique. Je les conseille pour gérer les dépenses, je négocie avec leur club pour les libérer à des moments où elles trouveront un billet d’avion le moins cher possible pour rentrer par exemple. Je sollicite mes contacts afin de leur trouver des sponsors perso (ex : sponsorisation par des équipementiers de gardiens de buts ou marque de chaussures) ou je trouve des jobs occasionnels de modèle sportif pour des boites de Com’. Ça permet de faire des extras financièrement ou encore je leur trouve du mobilier à des prix avantageux pour s’installer. Il faut vraiment être tout terrain quand on est agent en général, et encore plus dans le foot féminin avec peu de moyen.
Pour finir, quels seraient tes conseils pour ces jeunes îliens (ou leurs parents) qui souhaiteraient se lancer dans cette aventure ?
Ne surtout pas renoncer à ses rêves, ne pas avoir peur de quitter sa zone de confort, la fin justifie les moyens. On ne fait pas forcément sa vie, ni sa retraite en métropole, il faut être professionnel dans son approche de la démarche de quitter son île ou son pays et s’y tenir en sachant pourquoi on le fait, avoir de l’orgueil pour éviter de rentrer au pays les six premiers mois… Être fort mentalement, être déterminé et sérieux pour n’avoir aucun regret et vivre à fond son aventure. Enfin, savoir s’entourer des bonnes personnes et écouter ses proches.
Site à consulter : http://www.sports.gouv.fr/pratiques-sportives/sport-performance/Sport-de-haut-niveau/
Merci Paul d’avoir répondu à mes questions !!!
Ton article est top! Claire et compréhensible pour les “ou pas “! Mdrr c’est bien de connaître les difficultés que peuvent rencontrer nos compatriotes ! Bisous