
Maguy NATTES-CRATÈRE est une figure du paysage du football martiniquais. Si on la voit souvent au bord des terrains ou dans les couloirs des stades à veiller au grain, son rôle ne se limite pas qu’à ça. Trésorière adjointe de la ligue de Football de Martinique, responsable organisation des manifestations sportives et trésorière adjointe de la ligue Antilles-Guyane de football sont des casquettes qu’on peut lui rajouter. Avec le recul et l’expérience emmagasinés depuis toutes ces années, elle nous parle de la place de la femme au sein du football martiniquais.
Maguy, parle nous de tes missions à la ligue de football de Martinique.
Je travaille principalement avec le trésorier, on met en place les documents projets, on fait les différents budgets. Je suis aussi l’élue responsable de la commission des délégués. C’est une commission assez lourde parce que nous travaillons tous les mardis soir à l’élaboration des convocations afin qu’il y ait des délégués présents sur le maximum de rencontres. Ensuite, nous vérifions la présences de ces délégués sur les rencontres afin de leur faire un défraiement. Concernant les organisations de compétitions, on a monté une commission dont je suis la responsable avec d’autres collaborateurs. Lorsqu’il y a les grandes manifestions comme les matchs de CONCACAF et autres, nous mettons en place une organisation afin que tout se passe pour le mieux que possible.
Ça doit te faire des semaines très chargées, comment tout cela s’organise ?
C’est plutôt le weekend que j’interviens, dès le vendredi soir, je vais au match quelques fois, je vais voir les jeunes. C’est assez complexe quand il y a match en semaine, j’essaye quand même d’y aller pour voir comment ça se déroule. S’il y a des imperfections, je les fais remonter, mais normalement tout se passe le mieux que possible. C’est quelques chose que j’aime, le football, c’est ma passion donc ça ne me dérange pas d’être toujours au four et au moulin comme on dit. J’aime ça, j’aime etre au contact des gens, c’est un milieu d’hommes, mais j’aime bien etre au contact de ces acteurs, on arrive à se comprendre et faire les choses avancer
Comment juges-tu l’évolution de la femme au sein du football martiniquais ?
Lorsque je suis arrivée dans le monde du foot ça remonte déjà à une trentaine d’années, il n’y avait pas beaucoup de femmes au sein des clubs. Au fur et à mesure, la gent féminine à commencer à s’intégrer, on a eu des femmes éducatrices. Au niveau des associations, des comités directeurs, il y avait très peu de femmes. Mais sur ces dernières années, les femmes sont moins présentes, c’est très rare, on a très peu de femme présidente d’association au football. Très souvent ce sont les hommes qui sont présidents, trésoriers, secrétaires, très peu de femmes sont présentes. On va voir des femmes au niveau de l’accompagnement des jeunes, souvent ce sont les mères qui accompagnent leurs enfants. Une fois que ces derniers deviennent adultes, les femmes ne continuent plus, donc elles désertent les associations et laissent cette partie aux hommes, ce qui est dommage. C’est une activité où on peut évoluer à plusieurs niveaux comme la direction, l’éducation, les femmes peuvent faire plein de choses dans le monde du foot. J’espère qu’elles vont revenir, même si on sait qu’avec la conjoncture actuelle, faire du bénévolat devient très difficile, le football subit aussi.
Qu’est-ce que tu pourrais dire à toutes ces femmes/filles qui souhaiteraient se lancer dans le monde du foot en Martinique ?
Je ne pourrais qu’encourager la gent féminine à venir rejoindre le monde du foot. Ce sont des expériences très enrichissantes qui permettent de côtoyer diverses nationalités. Au sein de nos compétitions, nous avons des haïtiens, des saintes-Lucien, des guadeloupéens… Personnellement, j’aurais bien aimé qu’il y ait plus de femmes qui soient à la tête du football, qu’elles prennent des responsabilités au sein des associations et des ligues. Le football n’est pas uniquement une affaire d’hommes. Il faudrait que les filles et femmes s’investissent un peu plus et que nous montrions aux hommes que nous pouvons aussi participer aux activités footballistiques. Ce n’est pas toujours évident de réussir à motiver les femmes dans le domaine du foot, mais c’est quand même quelque chose de très passionnant. Il ne faut pas avoir peur de prendre des décisions, il ne faut pas avoir peur de s’investir. Pour prendre des postes à responsabilité, il faut vraiment être déterminé, le faire et aimer ce que l’on fait pour pouvoir aller de l’avant.