
Anaëlle LUDOSKY est la responsable de la section football au Réveil Sportif qui évolue en Régionale 2. Elle fait partie des rares femmes à occuper cette fonction au sein des clubs de football martiniquais. À travers ses quelques mots, elle nous parle de sa fonction, mais aussi de sa vision et de la place de la femme au sein du football martiniquais.
Anaëlle, parle nous de ton rôle de responsable de section au Réveil Sportif.
Mon rôle s’étend de la catégorie baby foot jusqu’aux séniors, j’ai en charge la gestion de toute la section, de l’organisation des matchs, l’entretien du matériel ect… Je suis en poste depuis trois ans, ce n’est pas quelque chose que j’avais envisagé de faire, mais pour l’amour du club et au vu des difficultés dans lesquels il était, j’ai été prêter mains forte. Étant vraiment passionnée de football, je n’ai pas refusé quand l’occasion s’est présentée et jusqu’à maintenant, je suis toujours là. Je ne vais pas vous cacher que c’est difficile, ça demande énormément de temps et il faut aimer le faire.
Comment se sont passés tes débuts en tant que responsable ?
Au début, c’était réellement compliqué parce que tu prends à cœur ce que les gens disent, les petits regards, les petites remarques… Mais au fil du temps, j’ai appris à passer outre parce que de façon générale, je n’accorde pas d’importance à ce que disent les gens. Ça n’a pas d’importance parce que c’est grâce à tes compétences et tes connaissances que tu peux aider ton association à aller vers le haut. C’est mon cas, je ne vois pas pourquoi je devrais me soucier du regard des gens. Quand je sentirai que je ne pourrais rien amener à ce club, à ce moment-là, je me mettrai en retrait. Etre une femme ou un homme, ça ne change rien, ce sont les compétences, les qualifications et les connaissances qui prévalent.
Maintenant que tu es bien installée dans ce rôle, les choses ont-elles changées ?
Je ne me sens plus jugée du tout, au fil du temps, je pense que certaines personnes ont appris à me connaitre. Je me rappelle une fois, je parlais football avec un ami et un ami à lui qui lui dit : “moli an fanm ki la”. Au final , la discussion s’est poursuivie et je lui ai montré par a+b que je peux tenir une discussion, que j’ai des arguments et des connaissances. Une femme pour moi, a tout à fait sa place dans le milieu du foot masculin en Martinique. Au début, je pensais que je devais prouver aux gens de quoi j’étais capable alors que non pas du tout. J’ai participé à Inserfoot l’année dernière, j’ai passé toutes les certifications qui permettent de manager et d’entrainer des groupes des catégories jeunes à seniors. Je me disais qu’après avoir obtenu tout ça, personne ne pourrait douter de moi. Mais ça n’a absolument rien changé, j’ai les certifications, mais ça ne change rien. Ce qu’il faut, c’est vraiment savoir s’imposer et faire abstraction des petites remarques qui peuvent encore exister et avancer.
Quel conseil donnerais-tu à une jeune femme/fille qui souhaite se lancer dans le monde du football ?
Je lui dirais de ne pas faire fi des préjugés, de ce que les gens peuvent dire quel que soit le poste qu’elle souhaite occuper : dirigeante, joueuse, présidente… Je lui dirais de faire ce qu’elle a à faire et ce qu’elle aime faire.