
Après avoir essayé plusieurs sports, Catherine NOËL a finalement choisi le football à l’âge de 15 ans. Elle a grandi dans une famille passionnée de foot : son père était responsable de section féminine au RC Saint-Joseph, sa mère joueuse au Club Franciscain et son petit frère au RC Saint-Joseph à l’époque. C’est donc tout logiquement que sa passion pour ce sport a grandi et qu’elle y joue depuis près de 20 ans. Nous avons discuté de ses débuts en tant que joueuse, de son regard sur l’évolution du football féminin martiniquais.
Catherine, parle nous de tes débuts au football.
J’ai toujours un peu baigné dans le football grâce à ma famille, je ne pouvais pas trop y échapper. Au départ, je ne m’y intéressais pas du tout, mais tous les weekends, c’était football avec la famille. Petit à petit, je m’y suis intéressée, j’ai voulu commencer dans la section sportive que mon père manageait, au RC Saint-Joseph.Au début, j’étais très nulle, je ne savais absolument rien faire et puis petit à petit avec les entrainements et l’amour du foot transmis par ma famille, c’est venu. J’ai choisi le foot, j’ai progressé très vite donc ça m’a encouragé à continuer. Je suis au RC Saint-joseph depuis toujours, j’ai fait de nombreuses sélections avec Charlene MARIE-JEANNE au départ et tous les autres sélectionneurs ensuite.
De ta position de joueuse, comment le football féminin martiniquais a-t-il évolué depuis tes débuts ?
Ça dépend de l’angle sous lequel on le voit. En soi, ce sont toujours les mêmes compétitions : championnat, coupe de Martinique et trophée Jumontier, ça n’a pas changé. Ensuite, d’un point de vue organisation, il y a toujours des petites mains qui travaillent au niveau de la ligue pour la section féminine. Mais d’un autre côté, c’est vrai qu’on sent que le football féminin ne suscite plus forcément le même engouement qu’autrefois. Avant, il y avait de nombreuses équipes et beaucoup de joueuses, c’était plus intéressant. En ce moment, on peut dire qu’il y a une élite, mais le nombre d’équipe a diminué depuis. On tourne avec 8 équipes et quelques-unes ne peuvent pas toujours répondre aux exigences d’un championnat sérieux. Parfois certaines équipes font forfait, donc on fait avec les moyens du bord. En revanche, au niveau de la sélection pour les jeunes qui arrivent, il y a des choses qui sont faites. Des pôles ont été crées, il y a aussi des tournois, des compétitions intéressantes au niveau internationale. C’est vraiment bien pour leur épanouissement et leur essor au niveau du football féminin. J’ai noté aussi qu’on accompagne mieux les jeunes pépites depuis quelques années, c’était le cas pour Wendie RENARD ou la marraine de Kréyol Diaspower Mylaine TARRIEU.
Comment te sens-tu en tant que femme qui joue au foot ?
C’est vrai qu’une femme qui joue au foot parfois ça peut etre un peu étonnant. On me fait souvent la réflexion “ah bon, tu joues au foot ?, c’est bien, on n’aurait jamais dit”. En tant que femme, je n’ai pas de problème à jouer au foot, je suis à l’aise par rapport à ça, j’encourage les jeunes filles à garder leur côté féminin et représenter la gent féminine en restant elles-mêmes et à se faire plaisir dans le sport qu’elles aiment. Ce n’est pas dédié aux hommes, c’est pour n’importe qui à condition d’être à l’aise avec ses pieds, ça peut s’acquérir avec de l’entrainement. J’encourage toutes celles qui n’ont pas pensé au foot à essayer, elles verront si ça leur plait ou pas, même si c’est vrai que c’est un sport assez dur.Personnellement, je me sens très à l’aise. De mon point de vue et de celui de beaucoup d’entre nous, c’est quelque chose de très valorisant. si on réussit à avoir de bonnes aptitudes, souvent, on surprend ceux qui nous regardent. C’est comme les femmes qui travaillent dans des milieux d’hommes, qui réussissent et s’épanouissent, bien souvent, elles en sont fières.
Quel conseil donnerais-tu à une jeune fille qui souhaite débuter le football ?
Si je devais donner un conseil, je lui dirais de commencer le plus tôt possible avec les garçons dans les sections de jeunes. En débutant ainsi, elle apprendra plus vite, car l’adversité est plus importante chez les garçons. Ça permet d’être au niveau et de répondre physiquement et techniquement, elle n’en sera que meilleure. Je lui dis de faire tout cela en gardant son identité de femme parce qu’à l’adolescence, on a tendance à s’identifier à ce qu’on voit. En jouant avec les garçons, on doit s’imposer parmis eux, donc on a tendance à vouloir faire comme eux, ce qui n’est pas une obligation. Il faut aussi que les parents soient autour et que l’enfant en lui-même soit assez fort mentalement pour conserver l’identité qu’il a choisi de se donner.