
Après avoir discuté avec JEAN-FRANÇOIS GO, nous enchainons donc avec Marcel GIBON le coach robertin. En poste depuis cette saison, c’est une équipe à bout de souffle qu’il a récupérée dans un premier temps. Au fur et à mesure de la saison, nous avons vu un groupe se créer et les bons résultats suivre, créant ainsi une vraie dynamique positive chez les robertins. Comme avec son ami et coéquipier, nous revenons avec Marcel sur ses années de footballeur et sur la méthode qui a conduit son groupe en finale de coupe de Martinique et à finir cette saison parmi les 6 Majo !
Coach, peut-on revenir sur vos années en tant que joueurs de football ?
Je n’aime pas trop revenir sur cette période, elle a tendance à me rendre nostalgique. C’est un moment de ma vie que j’ai aimé, j’ai eu beaucoup de bons souvenirs, j’aimais énormément le football. C’était vraiment ma passion, j’y jouais quasiment tous les jours. Mais si je dois évoquer des moments forts que j’ai eus, ce serait avec la sélection de Martinique. Nous sommes arrivés en quart de finale de la Gold Cup, je crois que c’est notre génération qui est arrivée le plus loin dans cette compétition. Justement, Jean-François GO était là, avec lui j’ai passé de très bons moments en sélection. Autre moment fort, les années passées avec Marcel PUJAR. On dira que je parle tout le temps de lui, mais il fait réellement partie de mes moments forts, je rigolais énormément, car Marcel a un caractère spécial, c’est vraiment quelqu’un que j’aime énormément, pas seulement au niveau du football car je sais ce qu’il a fait pour moi. Je suis aussi sorti meilleur joueur du tournoi Frantz Fanon, mon père était présent ce jour-là. C’est une anecdote que je ne vais jamais oublier, tout le monde me félicitait et mon père ne m’a jamais félicité. Je suis allé le voir le lendemain pour lui en parler, il m’a dit “Marcel ça, c’est normal”. Il pensait que je pouvais faire mieux, pour lui ce n’était qu’un début. Même si les autres voyaient ça comme un exploit, lui il m’entraînait tous les jours, il me disait que je pouvais faire quatre fois mieux. Ce sont principalement mes souvenirs, sinon je ne me souviens plus de grand chose. Je pense que pour arrêter de jouer au football, il faut éviter cette nostalgie, sans quoi, on jouerait toute notre vie.
Est-ce que devenir entraineur de football faisait partie de vos projets ?
J’ai toujours aimé aller voir les matchs de foot, mais pas juste pour les voir. À une période, je faisais des fiches sur les demi-défensifs de Martinique avec les points forts, les points faibles. C’est mon père qui m’a appris à aller voir mes adversaires, à ne pas regarder le match simplement, à me concentrer sur le côté tactique. J’avais des fiches sur beaucoup de joueurs, je ne sais pas où elles sont actuellement (rires) mais je connaissais tout d’eux. Ça me facilitait la tache, je reprenais mes fiches avant de les affronter. J’ai eu des entraineurs comme Felix SOUCHETTE, Jocelyn GERME, Marcel PUJAR, Louis PERCIN, ils m’ont beaucoup apporté et ils m’ont toujours dit que j’avais la fibre pour être entraineur. Aujourd’hui, je m’appuie encore sur eux parce que j’ai la chance d’avoir ces mémoires vivantes du football. Quand j’ai un soucis de management ou autre j’appelle l’un deux et je pense que c’est une force de les avoir. Je trouve que justement, on ne passe pas assez par eux parce que le football ne change pas fondamentalement donc ils peuvent toujours apporter quelque chose. Je suis breveté d’état depuis 98, je l’ai passé quand j’étais emploi jeune. La Ligue avait mis en place des formations et j’en ai profité. J’ai fait valoir mon droit au BMF il y a 4 ou 5 ans et j’aime vraiment entrainer. J’ai toujours pensé que j’aurais pu être entraineur un jour même si certains disent que c’est difficile avec cette nouvelle génération de jeunes. Personnellement, je n’aime pas qu’on jette tous les torts sur cette jeunesse, ça reste des humains et il faut trouver les bons moyens pour travailler avec eux.
Revenons sur ce début de saison de l’US ROBERT.
Le début de saison a été difficile parce qu’il fallait mettre les choses en place. Il y a eu le covid même si j’ai eu la chance d’avoir mes joueurs à l’entrainement quand c’était possible. Ça a été très intéressant, c’était la première saison où j’étais sur le banc dès le départ. J’ai rencontré quelques difficultés que j’ai pu surmonter grâce au staff et aux dirigeants, notamment grâce à Régine GABOURG, Gaëlle HYPPOCRATE, Myrtha RADOM, Chantal LAGIER, M. JEAN, Gabin, Lucien… Ils étaient là en permanence, ils me permettent d’être focalisé uniquement sur le terrain. Ça a été difficile au départ de faire comprendre aux joueurs les points tactiques et techniques parce que beaucoup n’y croyaient pas et pensaient que c’était simple de jouer football. Mais j’ai persévéré maintenant que ça va mieux, c’est devenu un peu plus facile dans le travail. Les gars répètent les enchainements. Ils les connaissent, on peut approfondir et évoluer dans les systèmes.
Quelle a été la technique mise en place pour arriver à ce résultat aujourd’hui ?
Ma méthode repose sur l’utilisation du ballon à tous les entraînements, la préparation physique aussi se fait avec ballon. J’avais promis ça aux joueurs quand je suis arrivé au Robert. Je suis très discipliné tactiquement, je travaille tout ce qui est bloc équipe, bascule, position du joueur, passe, relai, déplacement. Pour moi, ce qui prime, c’est le collectif et j’aime leur répéter que je n’ai pas de star si ce n’est l’équipe elle-même. Une fois qu’on a compris ça, on peut avancer et faire de grandes choses. J’ai une génération de joueurs qui ne me pose pas de problèmes même si tout n’est jamais parfait. Il suffit de faire comprendre les choses, de montrer où on veut aller et de persévérer. Au début, ce n’était pas évident de leur faire comprendre que je tenais à ce qu’on soit tactiquement et techniquement au point, mais j’étais prêt à y passer l’année. On a changé de système et quand ils ont compris, on a pu essayer de s’améliorer. J’ai une petite génération qui est très intéressante qui aura besoin d’être renforcée l’année prochaine puisque certains vont partir. Mais très sincèrement, je dirais que c’est un plaisir.
Un mot sur Jean-François GO votre adversaire pour cette finale ?
Jean-François c’est mon ami, on a des anecdotes croustillantes que je ne peux pas révéler (rires) ! C’est un professionnel dans l’âme, il est profondément gentil et honnête en amitié. J’ai de très bons rapports avec lui, on s’appelle assez souvent, on n’a pas d’animosité avant les matchs. Leur saison est exceptionnelle, ça me fait plaisir pour lui et pour moi. C’est toujours bon de voir que les anciens footballeurs réussissent plus ou moins à remettre au football ce qu’il leur a donné ; que nous parvenions à promouvoir la jeunesse et faire en sorte qu’elle soit moins critiquée.