

Steeve SOLVET est un Guadeloupéen âgé de 25 ans qui est né aux Abymes et a grandi à Saint-Anne. Passé par le CREPS avec Marcus COCO ou encore Thomas LEMAR. Il quitte la Guadeloupe pour le club de BIESHEIM où il évoluera une saison avant d’être repéré par le Racing club de Strasbourg. Il évolue actuellement au FC Sète au poste de défenseur central ou de milieu défensif. Nous avons discuté de son parcours depuis son départ de Guadeloupe à ce jour où il participe à la Gold Cup avec les Gwada Boys
Steve, commençons par parler de ton passage à Strasbourg.
J’ai passé six mois en U19 Nationaux puis six mois avec la réserve. J’ai ensuite signé un contrat fédéral. Quand le club est monté en Ligue 2, je suis passé à un contrat professionnel.
Est-ce qu’en partant de la Guadeloupe tu t’étais imaginé signer un contrat pro aussi rapidement ?
Pas vraiment, il y a beaucoup de joueurs de ma génération qui sont partis à 16 ans. Moi, je suis parti à presque 18 ans. Quand tu as cet âge-là, tu ne sais pas si c’est tôt ou si au contraire, c’est tard. Tu vois que les autres sont déjà partis donc forcément tu réfléchis, mais c’est allé quand même assez vite. Trois saisons après mon départ je signe un contrat fédéral puis pro.
Qu’est ce qui explique cette ascension rapide pour toi ?
J’ai beaucoup travaillé ! Je suis très foot ! Pour moi, c’est foot matin, midi, soir. Je n’allais pas en cours parfois pour jouer au foot, c’était tout le temps le foot. Je ne sais pas comment c’est arrivé au final, c’est juste que j’étais parmi les meilleurs du centre de formation. Avec deux ou trois amis, on a tous signé un contrat fédéral, ça s’est passé comme ça. Je pense que c’est un peu de tout, du travail, de l’abnégation, il ne faut jamais rien lâcher.
Quelles sont les difficultés que tu as pu rencontrer pendant tes premières années à Strasbourg ?
Je n’ai pas eu trop de difficultés justement. La première année à Strasbourg s’est très bien passée. J’ai fait six mois avec les U17 nationaux de feux. Après ça, j’intègre directement la réserve et je m’entraine avec les professionnels. C’est à partir de là que ça devient un peu plus compliqué. J’intègre le groupe pro qui évolue en National et ça devient un peu plus dur. C’est plus de rigueur, de concentration, ça va plus vite. Tu as moins le temps de t’amuser, c’est vraiment ton travail. C’est là où j’ai peut-être un peu manqué le pas, donc oui, ça a été compliqué. Ensuite, mon contrat se termine et le club ne me prolonge pas.
Comment vis-tu cet arrêt brutal après avoir atteint ton objectif aussi rapidement ?
Ça fait mal ! Je pense qu’il faut le vivre parce qu’on ne se rend pas compte, mais ça passe vite. J’ai fait deux ans en pro, mais je n’ai pas joué. Au final j’avais le statut pro, je m’entrainais avec eux, mais je jouais en réserve, donc ça fait mal. À ce moment-là il faut s’accrocher. Je suis parti tard, mais je savais pourquoi j’étais parti. Je me suis accroché et c’est maintenant que ça commence à payer.
Tu rebondis donc au DFCO.
Dijon m’a pris pour encadrer les jeunes de la réserve, mais je m’entraine avec les pros. Le week-end, je jouais avec la réserve et si j’étais bon j’aurais pu aller jouer avec les pros. Avec la réserve, on fait une grosse saison on finit champion. Franchement, je crois que c’était une de mes meilleures années à Dijon. Pour moi, j’ai été bon, je m’entrainais avec les pros, j’ai fait la saison en tant que capitaine, j’ai fini champion en N3, tout le club me connaissait. Arrivé à la fin, c’était soit je signais pro soit je partais. Au final, je n’ai pas signé alors que c’était censé être la suite logique. Ça a été un peu dur aussi cette période-là. Forcement, tu te remets en question, je me suis dit peut-être que je n’ai pas fait ça ou ça. Mais quand je regarde ma saison en globalité, j’ai fait 25 matchs, j’ai marqué cinq buts. Je ne sais pas comment expliquer pourquoi ça s’est fini comme ça.
Tu précises que c’était quand même ta plus belle année, pourquoi ?
Oui, c’était l’ambiance, le fait de sortir de Strasbourg où les deux dernières années avaient été compliquées. Je n’étais pas moi-même, je ne prenais pas de plaisir. Signer à Dijon ça m’a redonné tout le plaisir de jouer au foot dans un groupe qui vivait bien ; que ce soit avec la réserve ou les pros, c’était du plaisir. J’ai vraiment retrouvé l’envie de jouer au foot, je jouais comme je voulais.
Après un bref passage en Angleterre pour un essai puis une saison à Bergerac Périgord (N2) tu rejoins le FC Sète en (National). Comment ça se passe pour toi ?
Ça se passe bien ! Au début, c’était compliqué, car en arrivant ce Sète, je revenais de blessure. Je fais une préparation avec de gros matchs contre Toulouse, Toulon. Ensuite j’attrape le covid, donc je suis out prenant trois semaines, c’était au tout début de l’épidémie. Je reviens, je fais trois matchs de championnat et je me refais une fracture au métatarse. J’étais indisponible de mi-septembre à décembre (2020)
Tu as donc fait une grosse fin de saison pour être présent à cette Gold Cup où nos chemins se sont croisés.
En National 1 on n’a pas arrêté de jouer à cause du Covid. Depuis mon retour fin décembre où je fais un gros match contre Orléans, je ne me suis plus arrêté jusqu’à fin mai (2021). J’ai fait que des gros matchs, je suis un peu une révélation en National cette saison, ce qui est très bien.
Gold Cup était-elle un objectif que tu t’étais fixé ?
Pas forcément, j’avais déjà eu un contact avec la sélection, mais c’est quand j’étais blessé. Je leur avais dit. Mon objectif à cette époque-là, c’était juste de retrouver les terrains.
Au final, tu fais bel et bien partie des Gwada Boys qui jouent la Gold Cup. As-tu rencontré des difficultés avec de ton club pour rejoindre ta sélection ?
Non, parce que c’était pas un nouveau club. Je n’avais jamais parlé de ça avec eux au paravent, mais j’ai de bonnes relations avec mon directeur sportif et mon président. Ils m’ont laissé assez facilement rentrer. Même là ils m’appellent de temps en temps pour prendre de mes nouvelles, connaitre les résultats, ils essaient de suivre un peu mon parcours.
Parlons de cette préparation avec les Gwada Boys, comment l’as-tu vécue ?
Je suis arrivé le 15 juin en Guadeloupe. C’est ma première sélection, je ne connaissais pas, mais j’ai eu des échos par rapport aux autres sélections au paravent où c’était un peu compliqué. Là ça, c’est très bien passé, tout le monde s’entend bien tout le monde était ensemble. Je connaissais certains joueurs, car j’avais joué contre eux plus jeune. Ça a un peu facilité mon adaptation. On a bien travaillé, on s’est bien préparé.
Même si tu es un joueur de national, c’est la première fois que tu découvres une compétition de ce niveau. Qu’en as-tu pensé ?
C’est bien quand tu vois tout ce qui est mis en place, les conditions, tu te dis que c’est quand même quelques chose de sérieux. C’est dommage que les clubs ne laissent pas forcément les joueurs pros y participer parce que c’est vraiment bien organisé. Pour ma première, je ne me suis pas mis trop de pression. On a joué contre les Bahamas et on a mis un peu de temps à se mettre dedans moi y compris. J’ai déjà l’habitude de jouer un peu trop facile et là, c’était le cas aussi, j’étais un peu trop relâché. Mais je me suis mis dedans et ça a été. C’est une belle expérience à vivre, même pour les joueurs de la Guadeloupe. C’est bien, c’est autre chose que notre championnat local.
Tu as malheureusement reçu un carton rouge sur le 2ᵉ match.
JE dois rejouer normalement pour ce dernier match. Ça faisait plusieurs fois que le joueur adverse me tenait sur le corner et voilà… en plus, je ne suis pas quelqu’un d’agressif sur le terrain, je suis plutôt détendu. Je pense que c’était vraiment la frustration qui parlait. Tu prends deux buts très tôt dans un match où on aurait pu espérer mieux.
Comment te projettes-tu pour ce dernier match ?
Déjà, on est éliminé donc c’est dur à accepter parce qu’il y avait moyen de se qualifier. Je pense qu’on reste des compétiteurs, il reste un match, il faut qu’on finisse et qu’on confirme. Il ne faut pas oublier qu’on est une équipe en reconstruction. Mais depuis un mois, on travaille ensemble, ce serait bien de finir tout ça par une victoire.
Pour finir, la question classique sur Kréyol Diaspower : quel serait ton conseil pour un jeu qui se lance dans cette aventure ?
Il faut y aller, il faut foncer. Ce n’est pas facile, c’est de la rigueur, du travail. Il ne faut jamais rien lâcher même quand ça parait impossible. Justement, quand ça parait impossible, il faut y aller, encore plus si c’est son rêve. On verra après ce que ça donne, car il ne faut pas avoir de regret dans la vie. Moi j’aurais pu arrêter, car j’ai eu beaucoup de complications, mais je me suis accroché. Je ne suis pas encore où je veux être, mais je ne suis pas où j’étais avant et c’est positif. Il faut que je continue à travailler pour retrouver un contrat pro, mais ça viendra. Mon conseil, c’est travail, travail, travail !