

À l’occasion de la finale du championnat de France de Handball, j’ai discuté avec Mickael BORY entraineur de l’Arsenal (Robert, Martinique) sur le succès que connait son équipe actuellement. Champion de Martinique, champion ultramarin et à la veille de disputer une nouvelle finale face à Metz nous sommes revenus ensemble sur la saison de ce jeune groupe.
Parlons de la saison qui vient de se terminer pour l’Arsenal.
Pour mémoire l’année dernière, on finit champion de Martinique et de National 3 mais on a quand même perdu des joueuses de notre effectif. On a récupéré en parallèle de très jeunes joueuses qui certes n’ont pas autant d’expérience mais qui sont quand même venues apporter leurs qualités à ce groupe. C’était une saison aussi intéressante, il faut rappeler que sur l’ensemble de la saison on ne perd que deux matchs (en championnat et une finale de coupe de Martinique). Dans l’ensemble, ça reste une saison accomplie.
Vous êtes arrivés à Paris la semaine dernière pour jouer les finalités ultramarines. Comment cela se passe depuis que vous êtes ici ?
On est dans la continuité de la préparation de la « Poule des AS », phase finale en Martinique où on récupère les 4 premiers du championnat pour s’affronter lors d’un championnat croisé. On est un peu dans cette même logique là où les filles savent déjà comment ça fonctionne : une heure pour le réveil, pour le petit-déjeuner, déjeuner, vidéos… tout cela est bien régulé. D’ailleurs, c’est sur ça aussi que ce groupe est très intéressant, c’est respecté à la lettre je n’ai pas à intervenir. Avoir des joueuses en autonomie, ne pas avoir à intervenir sans arrêt et être tout le temps derrière elles. Là-dessus, je leur tire mon chapeau parce qu’elles pourraient aussi partir dans tous les sens. On est à Paris, elles pourraient se dire « on est en vacances », non elles se réveillent et font ce qu’elles ont à faire. Si j’oublie un détail, elles ne manquent pas de me le rappeler donc vraiment chapeau à elles.
Après une grosse saison comme celle-ci où vous finissez champion de Martinique, vous venez donc jouer cette dernière phase dans l’Hexagone. N’aviez-vous pas peur de ne pas être à la hauteur physiquement ?
Non, justement pas vraiment car après la Poule des As, on a eu deux semaines de repos, et pas de petits bobos particuliers pour les joueuses. Derrière, ce sont quand même des filles qui ont l’habitude de s’entrainer trois fois par semaine. La nouvelle formule des finalités permet de ne pas trop puiser dans le physique des filles, avant pour mémoire, on pouvait avoir deux ou trois matchs dans une même journée. Là, on a eu un match par jour pendant trois jours avec notamment la finale ultramarine et des jours de repos pour la finale de N1 par exemple. On a débuté sur la phase normale ultramarine avec des matchs de 20 minutes, ce qui permet encore pour celles qui arrivent de bien se reposer.
Arrivés ici vous avez donc enchainé les matchs jusqu’à finir champion ultramarin. Comment faites- vous pour garder cette constante sur une saison.
Comme je dis, j’entraine des filles assez matures, elles ont compris qu’on est dans un sport et qu’on doit prendre du plaisir mais qu’il y a aussi un cadre à respecter. Par moments on va peut-être s’amuser oui, mais quand on est dans une compétition, chaque petit détail à son importance et je pense qu’elles ont énormément muri là-dessus. Elles ont compris qu’un match ça ne se gagne pas quand on arrive sur le terrain, ça commence bien avant par le sérieux et la rigueur. On joue comme on s’entraine. Ça passe aussi par le fonctionnement du coach car on dit que généralement les équipes ressemblent à leurs entraineurs. Ça veut dire que si l’entraineur lui-même ne rentre pas dans ce cadre, si lui-même ne se donne pas les moyens de faire les choses comme il faut, c’est plus compliqué. Mais là, il y a des filles assez intelligentes et intéressantes ça fait plaisir d’évoluer dans un groupe qui vit si bien.
Au niveau du sportif vous donnez quand même l’impression d’être un rouleau compresseur à votre niveau. Êtes-vous conscient de l’image que l’Arsenal renvoie en ce moment ?
Ça fait quand même plaisir de voir un groupe de 12 gamines à ce niveau-là et j’insiste là-dessus car on n’a pas un effectif de 14 joueuses mais bien de 12 jeunes. Ça renvoie une image forte cette rigueur, cette manière de gagner et surtout là où je veux les emmener, à cette humilité. Le tout ce n’est pas de gagner. Par exemple, j’ai été assez satisfait quand j’ai vu qu’on gagne par 16 buts d’écart face à la Réunion et qu’elles sortent du match, vont s’asseoir calmement et c’est fini. Elles ne sont pas parties dans tous les sens, non. C’est la qualité première du sportif, être humble. C’est d’ailleurs ce qui fait qu’on a l’impression que ces matchs-là sont faciles mais elles les rendent faciles dans l’approche et forcement ça reflète sur les résultats.
Il vous reste un match à jouer contre une grosse équipe, la Réserve de Metz, comment allez-vous l’aborder ?
C’est un très gros match, l’équipe une de Metz est championne de France et joue la Ligue des champions. L’équipe réserve, celle contre qui nous allons jouer, compte dans ses rangs six internationales françaises (juniors), 2 ou 3 joueuses joueront en D1 l’année prochaine, c’est ce qui peut se faire de meilleur ! Mon job est avant tout de faire comprendre aux filles qu’elles ont fait quelque chose d’extraordinaire qu’aucune équipe martiniquaise n’avait faite avant : arriver en finale ultra marine. Derrière, leur faire comprendre aussi que c’est une chance qu’elles ont car beaucoup de sportifs ne pourront pas jouer contre une équipe de N1. Elles ont la chance de pouvoir jouer ce match dans le cadre de leur passion, de ce qu’elles aiment et de le faire en s’amusant. Alors quand je dis s’amuser, elles savent le sens que je donne à ce mot, ça veut dire qu’on va essayer de donner le meilleur de nous-même mais sans avoir de regrets. C’est une compétition, si les Messines sont meilleures elles gagneront, si elles jouent sérieusement et qu’elles nous écrasent c’est parce qu’elles nous respectent. Nous, on aura aucun regret, le tout c’est qu’elles se donnent à fond et que derrière elles comprennent que ça, c’est le haut niveau. Ces filles-là ont de la qualité et c’est ce que j’aimerais voir sur ce genre de match. C’est d’avoir la possibilité de pouvoir encore découvrir les filles, les voir essayer de passer des paliers.
Ce samedi 8 juin, les joueuses de l’Arsenal se sont finalement lourdement inclinées face à la réserve du FC Metz (38-20) à l’occasion de ce match qui restera quoi qu’il en soit, une belle expérience dans leurs parcours de joueuses amateurs.