
Miguel SMERALDA a été formé au club de la Samaritaine en Martinique depuis ses 6 ans jusqu’à ses 21 ans où il s’envolera pour l’Hexagone. Depuis il est passé par plusieurs clubs amateurs comme Sainte-Geneviève Sports, l’US Moissy-Cramayel-Sénart ou encore le Football Club de Melun. Il évolue actuellement au sein de l’Entente Sportive Viry-Châtillon. C’est avec ce dernier club qu’il a réalisé l’exploit d’éliminer un club de Ligue 1, l’ANGERS SCO, en 32ᵉ de finale de Coupe de France.
Miguel, on parlait de toi comme étant un espoir du football martiniquais. Est-ce que tu as rejoint l’Hexagone dans le but de devenir footballeur professionnel ?
Pour tout gamin qui commence à jouer au football, c’est un rêve de devenir footballeur professionnel. En partant, c’était un objectif pour moi mais ce n’était pas le numéro un. Je n’étais pas passé par les centres de formation et vu comment ça se passe dans le milieu, je savais que ça allait être compliqué. Une opportunité aurait toujours pu se présenter comme avec la Coupe de France par exemple. Il y a beaucoup de recruteurs qui regardent les jeunes joueurs qui évoluent au sein des petits clubs.
Est-ce que cela a été facile pour toi de trouver un club à ton arrivée ?
Oui et non… Aux Antilles on a de très bons footballeurs, donc annoncer que j’étais en sélection de Martinique m’a ouvert des portes pour intégrer des clubs. Ces clubs étaient un peu loin de Paris où se trouve mon cocon familial, je n’ai jamais quitté cette ville… Malheureusement ou heureusement peut être (rires). J’ai signé en CFA2, il n’y a pas eu de soucis même si au début la confiance ne régnait pas vraiment puisqu’ils se disent « les antillais et leur réputation : pas sérieux, pas à l’heure… » Mais après ça a été, j’ai enchaîné les matchs.
CFA 2 c’est quand même un bon niveau, est ce que tu as senti tout de suite la différence avec le football en Martinique ?
Oui en Martinique je jouais en régional 1, l’intensité des entraînements n’est vraiment pas la même. Ici, tu travailles plus sur tout ce qui est tactique. Le rythme des matchs est différent, on dit qu’en Martinique on ne va pas trop à l’impact, une fois arrivé ici tu te rends compte qu’en fait ce n’est pas vrai. En CFA2, tu es amené à jouer contre des réserves d’équipes professionnelles où tu rencontres des pros, des futures pros… Tu joues mais en fait tu t’enrichis. En changeant de club, quand je suis parti à Moissy toujours en CFA2, je me suis rendu compte que j’avais progressé grâce à mon passage à Sainte-Geneviève. Avant je n’avais pas cette facilité au niveau de mes replacements ou encore au niveau technique, je n’étais pas aussi à l’aise à mon arrivée en métropole.
Avec Sainte-Geneviève justement, tu as joué un 7ème tour de coupe de France en Martinique, c’est assez particulier quand même ?
C’était un moment très particulier. Tu te fais chambrer, tu revois tes amis, ta famille, c’est beau. Tu vis tout l’engouement qu’il y a autour du stade, les médias. C’est magnifique à vivre. Je le souhaite à tous les petits jeunes qui arrivent. On perd 2-0 sur des buts de THIMON et PERCIN, c’était spécial parce que c’était des anciens coéquipiers, on était en sélection de Martinique ensemble donc c’était vraiment particulier.
Pourquoi avoir changé de club à plusieurs reprises ?
Tout est une question de financement, on joue en CFA mais le club nous paie quand même. Ça ne nous permet pas de vivre mais selon ton CV, il y a des moyens financiers déployés par le club pour chaque joueur. Moi, je suis parti pour ça, je suis allé à Moissy-Cramayel car ils s’alignaient sur le point de vue financier. Ensuite j’ai été au FC Melun, ils étaient plus proche de chez moi et avaient un projet qui était intéressant. C’est un club qui était en D2 il y a longtemps avec un grand stade. Ils étaient en Régional 2 et avaient comme projet de faire remonter le club sur le devant de la scène. Pour cela, ils ont fait appel à des joueurs de CFA dont moi. J’ai adhéré au projet jusqu’à l’année dernière où Viry-Châtillon s’est présenté.
Aujourd’hui tu es donc à Viry-Châtillon, parle-nous de ce club.
C’est une équipe qui était descendue sportivement en National 3 puis la DNCG les a fait redescendre en Division d’Honneur. Moi, quand j’ai signé en juillet 2018, ils étaient en National 3 mais je ne regrette pas du tout d’être resté. C’est un club où il y a des gars qui ont joué en National par exemple. Il y a beaucoup d’expérience mais il y a aussi beaucoup de jeunes car avec la descente administrative, on a du reformé un groupe. La mayonnaise a pris et voilà (rires).

Ce qui vous a conduit à réussir à éliminer Angers, club de Ligue 1 en coupe de France.
Angers, ça a été particulier parce que certains joueurs ont dû écourter leurs vacances dont moi. D’autres ont carrément dû les annuler, comme le capitaine par exemple. Tu tombes sur une Ligue 1, au début tu es content mais une fois que le Jour-J approche, tu as quand même cette petite boule au ventre. La pression qui te fait te dire que tu auras la télé, que tu vas jouer face à des joueurs de L1 donc ce n’est pas rien. Notre objectif, c’était de les faire douter au maximum, en rentrant à 0-0 la mi-temps, je pense que c’est ce qui s’est passé. On a continué à bosser en équipe et on a créé l’exploit. On marque à la 51e et on sert les dents, on s’accroche jusqu’à la 97ᵉ (rires).
16e de finale de Coupe de France, vous jouerez contre le Stade Malherbe de Caen (L1). Comment allez-vous aborder ce match ?
Alors le Stade Malherbe de Caen est tout d’abord une nouvelle opportunité pour nous et pour les jeunes du club. Maintenant ce match on va le préparer comme nous l’avons fait face à Angers. On a déjà l’avantage du terrain et une fois que tu joues un club de Ligue 1, tout le monde se donne à 200%. Tout le monde est là pour se faire voir, pour montrer qu’ils peuvent égaler le niveau des joueurs qui sont en face même si ce sont de très bons joueurs. Rien n’est fait, il faut qu’on garde les pieds sur terre. On a gagné Angers, c’est très bien mais il faut qu’on continue sur cette voix, prendre les matchs les uns après les autres.