
Âgée de 18 ans, Melvine MALARD est née à La Réunion. Si personne de sa famille n’a joué au football, c’est pourtant sur ce sport qu’elle a jeté son dévolu. Après avoir joué dans son club de quartier, l’AS DOMENJOD elle passera par le Saint-Denis Football Club et la section sportive du collège Montgaillard. Désormais footballeuse professionnelle à l’Olympique Lyonnais, elle nous parle de son début de carrière.
Melvine, c’est en 2014, que tout commence pour toi.
J’ai été repérée lors de la coupe nationale avec la sélection de La Réunion à Clairefontaine. La directrice du centre de formation de l’Olympique Lyonnais, Sonia BOMPASTORE, m’a vu jouer, elle est venue me parler. Je suis retournée à La Réunion après la compétition et elle a contacté ma famille pour savoir si ça m’intéressait d’intégrer le centre de formation de l’OL. Je voulais partir même si c’était compliqué parce que j’ai eu trois mois pour réfléchir à ma décision de rester ou partir à l’OL. Ça voulait dire qu’il fallait que je profite au maximum de ma famille et de mes amis en trois mois. Mais je voulais partir, surtout quand un grand club comme L’OL se présente… Je ne me suis pas posé de questions.
Parle-nous de ta formation à L’Olympique Lyonnais.
Je n’étais pas à l’internat, je vivais chez mon oncle, j’allais à l’école le matin pour retrouver le terrain les après-midis. Mon objectif en formation, c’était de progresser pour atteindre l’équipe professionnelle. Le plus difficile a été l’absence de ma famille et le froid, il faisait trop froid. Ce qui m’a permis d’avancer, d’aller jusqu’au bout, c’était l’envie de rendre fière ma famille qui était restée là-bas à la Réunion. Je me disais que peut-être un jour, je pourrai les faire venir ici, chose que moi, j’ai réussi à faire.
Tu signes ton contrat professionnel à l’OL à 17 ans, comment ce sont passés tes débuts dans le monde pro ?
À 17 ans, c’était le début d’une carrière pour moi. Grâce à ça, j’allais rendre fière ma famille et représenter mon île natale. J’ai eu une bonne adaptation niveau collectif car avant d’être professionnelle, je montais souvent avec les pros pour les entraînements donc les joueuses me connaissaient bien déjà. En formation, on t’apprend à faire les mêmes choses, les bases que tu répètes tout le temps. En professionnel, tu dois savoir faire les choses que tu as apprises en formation et en plus, tu dois continuer à travailler. Ce qui m’a marqué, c’est comment le petit manque de sérieux que tu peux avoir pendant l’entraînement peut remettre en doute tout ce que tu as pu faire durant la semaine. Ce travail, c’est fou, c’est une passion mais tu dois toujours travailler pour y arriver.
Tu as entamé ta deuxième année avec l’OL, quels sont tes objectifs à ce jour ?
C’est avoir du temps de jeu en pro, travailler tout le temps à l’entrainement, me montrer pour avoir ma place. Après la coupe du monde, j’aimerais bien avoir du temps de jeu et rester dans un bon rythme.
Comment ta jeune carrière est-elle suivie à la Réunion ?
Cet été, je suis partie à La Réunion en vacances et beaucoup de filles jouent au foot maintenant. Le foot féminin devient un foot très populaire. Beaucoup m’envoient des messages aussi pour me dire qu’elles me suivent, qu’elles veulent être comme moi et suivre mon parcours.

Est-ce que tu as conscience que tu deviens un modèle pour ces jeunes filles alors qu’il y a peu de temps encore, tu disais que Wendie RENARD était ton exemple ?
J’en ai vraiment conscience même si Wendie Renard reste encore mon exemple aujourd’hui. Tous les jours je suis avec elle et quand ça ne va pas, c’est la personne vers qui je me dirige en premier pour demander des conseils. Mais oui, je suis consciente que je deviens un exemple pour les jeunes filles à La réunion. C’est une joie de savoir qu’elles veulent être comme moi après tout. Si je pouvais leur adresser un message, ce serait de rester elles-mêmes ! Je suis là pour répondre à leurs questions si elles en ont besoin. Si elles veulent suivre le même chemin que moi, il faut foncer si l’opportunité se présente, jeune ou pas jeune. Mais pour avoir l’opportunité, il faut travailler pour être la meilleur là-bas et ensuite espérer jouer avec les meilleurs ici ».
Parlons équipe de France, tu fais partie de ces joueuses qui ont connu toutes les sélections de jeunes.
Oui et ça représente beaucoup pour moi le fait d’être appelé. Être sur une liste montre aussi le travail que j’effectue tous les jours. Le fait de bosser pour la France, pour le public, pour moi-même, c’est beau. Je n’avais pas imaginé en partant de la Réunion qu’après l’OL j’aurais intégré l’EDF U16. Après y avoir été à plusieurs reprises, je me suis dit qu’il fallait que je sois en U17 et ainsi de suite. Maintenant ça fait partie de mes objectifs au quotidien de travailler pour faire partie de ces sélections.
La coupe du monde U20 en août dernier, la 4ᵉ place ? Comment as-tu vécu cela ?
Franchement, ça a été une déception, à 90% parce qu’on avait la possibilité d’y arriver, d’y être et de faire une bonne coupe du monde. Ne pas décrocher cette 3ᵉ place pour être sur le podium, rentrer à la maison sans médaille, ça a été un gros pincement au cœur quand même. Mais il faut rebondir et aller de l’avant, c’est une expérience incroyable à l’âge de 18 ans. Il faut avoir l’objectif de participer à d’autres grandes compétitions.

La Coupe du Monde 2019 est-elle un objectif pour toi ?
Je pense que toute joueuse rêve d’être à cette coupe du monde. Mais en ce qui me concerne, je ne suis pas comme certaines joueuses pour qui c’est la dernière chance de participer à une coupe du monde. Avec ma génération, il me reste une coupe du Monde U20 à préparer, j’ai aussi un championnat d’Europe cette année qui arrive très vite. Donc voilà les objectifs sont d’abord là pour moi et après, pourquoi pas, plus tard l’équipe A. Je pense que ce sera justement par rapport aux résultats de ces compétitions à venir que la suite va se faire pour moi.
Quel serait le conseil que tu donnerais à un jeune qui souhaite se lancer dans l’aventure ?
Je lui dirais d’aller au bout de ce que lui-même veut faire. Il ne faut pas penser à ce que va dire la famille, les amis ou autre. Si tu veux y aller, c’est que tu peux y arriver donc il faut essayer. Il y aura toujours des personnes pour t’aider une fois lancé.