
@bymendy
Johanne GUILLOU est une martiniquaise âgée de 37 ans qui évolue actuellement au Club Franciscain. Elle a débuté le football en mixité avec les garçons à l’Éclair de Rivière-Salée avant de rejoindre l’équipe féminine du RC Rivière-Pilote. Passée par le RC Saint Joseph, elle était aussi internationale martiniquaise jusqu’à il y a quelques jours. Elle a en effet annoncé qu’elle ne jouera plus sous les couleurs de la sélection de Martinique après des années à son service. C’est désormais avec le Club Franciscain qu’elle poursuit sa route. Avec son club, elle organise le tournoi FOOT EVOLISYON FANM BEL le 26 mai prochain. C’est à cette occasion que nous avons discuté avec Johanne.
Johanne avant de rentrer dans le vif du sujet, faisons un point sur le début de saison du Club Franciscain.
Le club va bien malgré les difficultés que nous avons eues en début de championnat par rapport à la situation sanitaire, mais les filles sont assidues et soudées. Le début de championnat en lui-même était un peu en dent de scie, car il y avait des cas de covid dans certaines équipes, donc nos matchs ont été reportés. Soit l’équipe adverse n’avait pas assez d’effectif, soit il y avait des joueuses blessées. Nous avons eu peu de matchs ce qui fait qu’on n’a pas encore vraiment trouvé les automatismes. On aurait voulu remplacer ces matchs-là par des rencontres amicales, mais au moment où les équipes disent qu’elles ne peuvent pas jouer, il est trop tard pour trouver une autre solution.
Vous avez récemment joué une demi-finale de coupe de Martinique qui s’est soldée par une élimination.
La malchance nous poursuit, encore une fois, on s’arrête en demi-finale de coupe de Martinique. Ça fait plus de 3 années qu’on arrive en demi et qu’on ne passe pas ce cap-là. Il y a aussi le stress qui rentre en jeu sur ce genre de rencontre donc on se fait encore une fois éliminé. Même s’il faut garder en mémoire que le Club franciscain est une équipe qui a renouvelé la moitié de son effectif. Il faut qu’on s’entraine beaucoup pour pouvoir trouver les automatismes et ça va finir par payer lors des matchs.
Venons-en à ce tournoi que tu co-organises avec le Club Franciscain. De quoi s’agit-il ?
C’est un projet que j’avais depuis plusieurs années et je suis contente que ça prenne forme. Je suis épaulée par TASSIANA TINAUT, c’est elle qui m’a donnée ce déclic.
Quel est l’objectif du tournoi ?
L’objectif de ce tournoi, c’est surtout de promouvoir le football féminin en Martinique et de promouvoir les femmes cheffes d’entreprises qui pourront exposer et vendre certains de leurs articles lors de notre marché artisanal. C’est le Club Franciscain qui chapeaute cet événement en partenariat avec la Ligue de Football, la mairie du François. Je suis aussi fière d’accueillir Kreyol Diaspower et encore beaucoup d’autres partenaires ce jour-là.
La femme sera donc au centre de ce tournoi, quel regard portes-tu sur l’évolution des femmes ?
La femme a beaucoup évolué, car nous étions associées à de nombreux stéréotypes. Le rôle de la femme était limité à celui d’épouse, de femme au foyer. Au fil des années, nous sommes parvenues à obtenir de nouveaux droits qui nous donnent davantage d’autonomie et de liberté. Nous avons réussi à trouver notre place dans cette société.
Autre domaine dans lequel la femme a réussi à se faire une place, celui du sport et plus particulièrement du football. Qu’en est-il du football féminin en Martinique ?
Concernant le football en Martinique, je regrette qu’il n’y ait pas plus d’actions menées pour la section sénior. Ça fait plus de 26 ans que je suis là, quand je suis arrivée il y avait 16 équipes dans le championnat et maintenant il n’y en a plus que 9. On souffre du manque d’infrastructure et de considération, les hommes sont souvent privilégiés pour l’utilisation des terrains par exemple. Même si je dois avouer qu’au Club Franciscain, nous n’avons pas ce problème-là. On arrive à se partager le terrain lors des matchs, on trouve des solutions , mais ce n’est pas encore la cas partout. Je pense que c’est tout ça aussi qui fait que certains clubs n’arrivent pas à garder leurs équipes féminines. Il faut surtout préciser que nos matchs sont gratuits, malgré ça on n’a pas beaucoup de publics sauf lors des phases finales où il y a du public, mais lors du championnat régulier, le public qu’on a , ce sont généralement les familles et les gens proches du foot féminin.
Que faudrait-il faire pour améliorer la situation des footballeuses Martiniquaises selon toi ?
Comme je disais, il nous faudrait plus de considération, plus de promotion pour nous mettre en lumière. Il y aurait un public curieux de connaitre le foot féminin et ça pourrait aussi attirer les connaisseurs.
En plus de valoriser la place de la femme dans cette société, cet événement s’inscrit donc aussi dans cette volonté de promotion. Que va-t-il apporter à terme au football martiniquais ?
Forcement, mon tournoi va apporter un plus au foot féminin martiniquais. Comme je le précisais, c’est un événement ouvert aux joueuses licenciées et non-licenciées. Celles qui auront des à priori par rapport au football féminin, pourront voir d’elles même certaines filles évoluer. Ça donnera peut-être envie à certaines de tenter l’aventure en s’inscrivant dans un club. On aura aussi forcement dans le public des pères et des mères qui ont des réticences vis-à-vis du foot féminin alors que leurs filles ont envie de se lancer. Ça va aussi leur permettre de voir comment ça se passe et de les inscrire dans une équipe féminine. Ça pourrait sur du long terme, faire plus de licenciées au niveau de la Ligue de Football et pourquoi pas la création d’autres clubs par rapport à cet événement. Qui sait, peut-être que demain matin que ces jeunes filles prétendront à une carrière professionnelle. On a quand même de belles représentations avec Wendie RENARD à l’Olympique Lyonnais qui a commencé ici toute jeune. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de jouer contre quand elle évoluait au RC Lorrain. Il y a aussi Mylaine TARRIEU que j’ai fréquentée au Racing Club de Rivière-Pilote qui évolue à Dijon FCO, passée par l’OL, les Girondins de Bordeaux. Il y a aussi Émelyne LAURENT que j’ai connue à la Samaritaine et qui maintenant fait le bonheur de l’Olympique Lyonnais. Pourquoi pas grâce à ma manifestation créer l’envie chez certaines d’avoir une carrière professionnelle comme les joueuses que j’ai citées précédemment.
Qui pourra-t-on retrouver à ce tournois ?
Plusieurs équipes seront présentes : Le Club Franciscain, le RC Rivière pilote, le Club Colonial, l’Avenir Club du Saint-Esprit, l’Assaut de Saint-Pierre, la Dream Team, le Santana, la Gauloise et une équipe invitée, la Gauloise de Baie Mahaut (Guadeloupe). Il y aura aussi un village artisanal avec : Influence By la rosée, Patooch Création, Palmis d’or, Bikitop, Bellavi, Havainas, Creolista, Élo Bakery, As’résin, Tizeus,Viv-li et encore beaucoup d’autres. On pourra compter aussi sur la présence de certaines personnalités publiques martiniquaises comme A.NELLA, S. SAISOOTHANE, J. MANIN, M. KECLAR MONDESIR, K. MOUSSEAU, N. JOS entre autre.
Qu’as-tu envie de dire à ceux qui hésiteraient à nous rejoindre ce 26 mai ?
J’ai envie de leur dire de venir nombreux à notre manifestation afin de découvrir le football féminin , car beaucoup de personnes ne connaissent pas et ne savent pas qu’il y a un championnat féminin en Martinique. Je souhaite qu’ils viennent nombreux voir l’événement qui sera d’un côté sportif avec 16 équipes de filles invitées dont les championnes de Guadeloupe, le Sporting Club de Baie-Mahault. Il y aura également un village artisanal avec des femmes cheffes d’entreprises qui exposeront et vendront des produits. De plus, la manifestation est ouverte à tous, est gratuite et aura lieu un jour férié. On vous attend nombreux pour la fête du football féminin et de la femme.


Tassiana et Johanne, les organisatrices de l’événement.