
Crédits Photos : EPSPORTS.AGENCY
C’est sur ses réseaux sociaux qu’Emelyne a annoncé avoir participé au concours d’éloquence de la D1 Arkema coorganisé par la Fédération Française de football et l’association Prométhée Éducation. Ce concours offrait aux candidates la possibilité de s’exprimer sur des sujets de société variés et de montrer ainsi qu’elles avaient autant de facilités et de compétences que sur une pelouse de D1 Arkema. C’est aux côtés de ses collègues footballeuses que la jeune martiniquaise s’est avancée sur scène pour relever ce défi. Elle revient pour nous sur ce qui l’a poussée à participer à cette aventure.
Emelyne, peux-tu nous parler de ce concours d’éloquence auquel tu as participé ?
Tout d’abord, il faut savoir que les concours d’éloquence étaient, dans un premier temps, réservés aux avocats. C’est l’un des tests effectués pour exercer leur fonction, obtenir leur diplôme ect. Maintenant ces concours sont démocratisés et c’est vrai que ces dernières années il y a eu quelques concours d’éloquence dans des domaines autres que le droit. Dans le sport aussi, c’est devenu une façon de montrer une autre image du sportif. C’était organisé pour la deuxième année consécutive par la Fédération Française de Football et la D1 Arkema.
Quels étaient les critères pour y participer ?
Tous les clubs affiliés étaient invités à présenter des participantes, mais malheureusement il n’y en n’a pas eu énormément. Nous étions 5 clubs : le Stade Reims, GPSO 92 Issy, l’ASJ Soyaux, Fleury 91 et l’Olympique Lyonnais. C’était déjà plus que l’année dernière avec 10 candidates donc deux finalistes dans chaque club. Je n’ai pas été “sélectionnée” à proprement parler. Le club nous a fait la proposition, je me suis dit pourquoi pas. Je suis quelqu’un qui s’intéresse beaucoup à ce genre de chose, qui aime parler, s’exprimer. Là je me suis dit défendre son idée, son projet, sa plaidoirie devant une certaine audience, ça peut être intéressant. Je m’y suis donc inscrite.
Comment t’es-tu préparée à ce concours ?
Il y a eu une première partie avec un intervenant spécialisé de la FFF, Mohamed, pour nous aider à rédiger notre plaidoirie, la façon dont on allait aborder les choses, choisir notre sujet également. On a eu 5 sessions pendant l’année, on a travaillé nos textes, nos exemples, la construction. J’avais déjà des notions, mais c’est vrai qu’il nous a aidées à ce que soit plus abouti. Ensuite, avec une stagiaire qui s’occupe un peu de la communication du club, je me suis entrainée chaque semaine sur une période de deux ou trois mois. Je passais devant les filles du club, le staff, le personnel de l’OL. C’était vraiment cool ! J’avais eu de très bons retours, tout le monde était assez impressionné, j’y allais avec l’envie de gagner.
Ton parcours te conduit jusqu’à la finale, parlons -en.
Avant, il y a eu une petite finale interne donc deux candidates ont été choisies pour accéder à la finale (NDLR : Emelyne LAURENT et Selma BACHA pour l’OL). La finale s’est déroulée cette année à l’Olympia, ce qui est réellement incroyable, un super moment, le jury était composé d’anciennes sportives, comme Laura GEORGES, Jessica HOUARA-D’HOMMEAUX, mais aussi Hervé MATHOUX le journaliste, la vice -présidente de la fédération Brigitte HENRIQUES, il y avait du beau monde.
Quel sujet as-tu donc décidé d’aborder ?
J’ai choisi un sujet original, qui sort de l’ordinaire, autre que le racisme ou l’homophobie qui sont, bien sûr, des sujets très sensibles et très forts. J’avais envie de parler de quelque chose qui me touchait personnellement. J’ai décidé de parler de la sensibilité émotionnelle. Le fait d’être sensible au sens premier du terme. La sensibilité avec les émotions, mais aussi par rapport au mental. On est soumis à de très grandes périodes de stress liées à nos performances où il faut toujours être au top. Comment fait-on pour gérer son mental, cette sensibilité dans un sport de haut niveau, quand on est tous les jours soumis à des conditions physiques et psychologiques extrêmes ? Comment fait-on et est-ce un atout dans le sport de haut niveau de savoir maitriser cette particularité ?

Quel bilan tires-tu de cette participation ?
C’est un sujet atypique que j’ai su quand même amener. Je n’ai pas gagné la finale de l’éloquence à l’Olympia, mais ce n’était pas à cause de l’absence de mes qualités en tant qu’oratrice. Le sujet en soi n’a pas forcément touché autant que d’autres sujets. Il n’a peut-être pas été aussi sensible, mais il était sensé. Ça m’a plu de pouvoir défendre cette idée, de parler un peu de ce que moi je ressentais, me mettre un peu à nu devant un public. C’était très intense, pas forcément stressant parce que je me suis quand même bien préparée, je savais ce que j’avais à dire. C’était plutôt excitant, avec l’envie de bien faire, ça s’est super bien passé. J’en sors grandie. Bien sûr, il y a la petite frustration de ne pas avoir gagné, mais celle qui a gagné M. DOUKOURE, c’est une pote à moi. Sa plaidoirie sur le racisme était vraiment touchante puisqu’elle a vécu un événement difficile ces derniers jours. Forcément, c’est quelque chose qui me touche et qui touche toute la communauté noire. Évidemment, je lui adresse mes sincères félicitations.