

Jonathan MORLAN est un martiniquais âge de 28 ans qui évolue au Stade Pontivyen. Après avoir débuté au Club Péléen au Morne-Rouge avec des entraineurs comme Patrick LOUIS FERDINAND ou Gaëtan POLOMAT, il s’envole à l’âge de 17 ans pour le centre de formation de l’En Avant Guingamp. Il revient pour nous sur le chemin parcouru depuis cette époque.
En 2011 tu es repéré par l’En Avant Guingamp, comment cela a été possible ?
Le club est venu faire une détection au Marigot, j’y ai été convié pour un stage de deux ou trois jours. J’ai tapé dans l’œil des recruteurs et ils m’ont proposé de venir faire un essai chez eux, à Guingamp. Nous étions 4 à partir : MARTHELY, CIVAULT, AMBROISE et moi. C’était pendant l’hivers, ça s’est super bien passé, j’ai été le seul retenu. Je suis revenu en Martinique effectuer ma deuxième partie d’année scolaire et après je suis parti à 17 ans.
17 ans, c’est plus tard que ce qui se fait en général. Pourquoi avoir attendu ?
Ma mère avait refusé plusieurs propositions. Deux ans avant mon départ, j’avais été sollicité par Nantes, mais elle n’était tout simplement pas prête à me voir partir à 15 ans. On m’avait aussi dit de partir par mes propres moyens, mais je ne pouvais pas partir de moi-même. Il fallait que j’aie quelque chose de concret sur la table pour pouvoir m’envoler.
Comment s’est passée ton adaptation à Guingamp ?
J’ai rencontré Charles-Edouard CORIDON, un martiniquais qui n’habite pas très loin de Guingamp, c’est lui qui m’a aidé à m’adapter. Il faut toujours un temps d’adaptation, quand on passe des DOM-TOM à l’Hexagone. La première année ça ne s’est pas vraiment bien passé, j’étais seul. Ça a vraiment été de l’adaptation et de la connaissance de l’environnement. La deuxième année, c’était un peu mieux, j’ai joué un peu plus, j’ai eu un peu moins de blessures, j’étais déjà plus à l’aise. Mais après, le club a décidé de ne pas me garder. Comme de nombreux joueurs issus du centre de formation, j’ai dû faire mes valises.
Que gardes-tu de ton passage à l’EAG ?
Je retiens plus ma deuxième année à l’EAG qui a été beaucoup plus enrichissante avec beaucoup plus d’acquis, de connaissances et de contenu dans les matchs. Mais c’est dommage que le club n’ait pas été un peu plus patient avec moi. Je pense qu’il y avait quelque chose à faire, ils ne m’ont pas forcément mis dans les bonnes conditions non plus. C’est une chose que j’avais constatée par moi-même et que mon entourage m’a confirmé aussi. J’ai dû faire mon parcours un peu seul dans l’Hexagone et je ne regrette pas mon parcours.
2 ans après ton départ tout s’arrête pour toi, comment le vis-tu ?
J’ai dû me forger un mental, continuer, ne pas lâcher. Je m’étais dit que j’étais venu pour un but. Mais en 2 ans, il ne faut pas tout mettre à la poubelle. J’ai dû faire face à moi-même, à mon mental, à mon dévouement. Comme je l’ai déjà dit je n’ai pas eu de soutien, j’ai dû faire face, c’est le mental qui a fait que je n’ai pas lâché. Peut-être que le fait d’être aussi seul ne m’a pas aidé. Coridon m’avait présenté un agent celui d’Ousmane Dembélé Martial codja mais ça n’avait pas abouti à de belles propositions. Pour la petite anecdote, l’année où j’ai signé à Guingamp, il y avait également une détection de Sochaux en Martinique. J’y étais convié, mais j’étais tellement pressé de pouvoir tenter ma chance que je n’ai même pas accepté la proposition de Sochaux. J’avais déjà signé mon contrat à Guingamp pour vous montrer à quel point j’avais envie de pouvoir tenter ma chance. C’est ce que m’a reproché Coridon aussi, d’avoir pris ma décision trop rapidement alors qu’il y avait un autre club sur le territoire qui faisait des détections. Si ça se trouve j’aurais peut-être même eu plus de chance à Sochaux qu’à Guingamp.
Est-ce qu’à un moment tu as pensé à un retour en Martinique ?
Non je n’y ai pas pensé, car j’avais encore mes objectifs en tête. Mon arrivée était récente, 2 ans après rien n’était perdu donc non. J’avais eu une proposition du Stade Brestois après Guinguamp mais il me proposait encore une année en U19 Nat et CFA. J’ai refusé, j’ai préféré redescendre un peu plus, au Stade Pontivyen suite à des conseils que j’avais eus.
Tu rebondis donc au Stade Pontivyen.
Ce choix a été payant, car je me suis super bien adapté au stade Pontivyen. Ça s’est bien passé. J’ai fait une première année où j’étais dans l’équipe type de la saison avec 16 buts marqués. À la fin de la première saison, je pouvais partir dans des clubs superieurs mais j’ai opté pour une année supplémentaire. Ça a été valorisant pour moi, ça a débouché sur de belles propositions comme le Stade Bordelais où j’ai été ensuite.
Tu enchaîneras ensuite avec le Stade Bordelais et Dinan Léon.
J’ai passé 3 ans au Stade Bordelais, ça s’est super bien passé en niveau CFA avec des anciens pros, des structures pas loin du niveau professionnel. On loupe la montée en National à 1 point contre Pau. J’arrive ensuite à Dinan Léon suite à une rupture de contrat à l’amiable avec le Stade Bordelais, car certaines choses n’ont pas été claires. À Dinan Léon, je suis resté 2 ans et demi j’ai retrouvé quelques amis avec qui j’ai joué à Guingamp. Mon intégration a été rapide, c’était super. Si je devais avoir un petit regret, c’est de ne pas avoir signé à Chambly en National la première année où je suis arrivé au Stade Bordelais. Je venais de m’installer et j’avais signé 3 ans, au niveau des contrats, c’était assez compliqué.
Qu’est-ce que ces deux expériences t’ont apporté ?
Toujours des méthodes différentes à travailler avec les coachs que ce soit tactiquement ou techniquement ou encore la philosophie qu’ils souhaitent mettre en place. Il y avait toujours des bons points à prendre avec chaque coach. De nouvelle rencontres, de nouvelles ambitions, c’est que du bonus tous ces passages dans les clubs. Ils m’ont permis d’apprendre davantage sur moi-même et sur les axes de progressions que je devais me fixer.
Aujourd’hui tu es de retour au Stade Pontivyen, pourquoi avoir fait ce choix ?
J’ai eu des propositions de clubs de CFA qui me voulaient, mais j’ai toujours voulu plus. Avec mon agent, on a préféré refuser pour pouvoir avoir peut-être de meilleures propositions à un niveau plus élevé. Mais avec la période de crise sanitaire, les portes se sont refermées et à la fin je n’avais plus trop de choix. Je connaissais déjà l’environnement du club, je n’ai pas hésité même si ça a été un retour inattendu, même pour moi.
À cause de la crise sanitaire le championnat est arrêté pour vous aussi en N3. Comment cela se passe pour toi ?
Le championnat s’est arrêté il y a une semaine officiellement. La situation est assez compliquée je ne sais pas si je ne sais pas ce que l’avenir me réserve.
9 ans après ton départ de la Martinique, -Est ce que tu souhaites toujours devenir footballeur professionnel ?
Oui j’y crois encore parce que d’un côté, quand on compare certains qui jouent au plus haut niveau et mes qualités ; je pense avoir le niveau et mériter autant qu’eux. Mais d’un autre côté, avec l’âge, ce que recherchent les clubs, la période actuelle, c’est très compliqué. Ça devient difficile, mais c’est mon but, je suis parti pour ça. Il y a des joueurs qui percent tard donc pourquoi pas moi, on ne sait jamais.
Quel serait ton conseil pour un joueur qui souhaite comme toi, quitter les DOM-TOM pour tenter l’aventure football ?
Mentalement il faut se préparer, être solide et surtout être accompagné, car être seul ça ne facilite pas le parcours. Il faut aussi persévérer et avoir confiance en soi, une part de chance aussi ça peut aider. Prendre du plaisir, car c’est une passion, ne pas se mettre de pression et kiffer ce qu’on fait tout simplement.