

Rodrigue CÉSAR a débuté le football à l’US Robert à l’âge de 6 ans ; il y fera toutes ses classes jusqu’à intégrer l’équipe senior à l’âge de 16 ans. Il y restera durant cinq saisons avant de partir tenter sa chance dans l’Hexagone. Il arrive à Istres qui était en Ligue 2 à cette époque. Sous les ordres de Frédéric ARPINON qui lui a beaucoup appris, Rodrigue intégrera même l’équipe professionnelle d’Istres lors de sa dernière saison. Il fera une entrée en ligue deux, plusieurs apparitions dans le groupe et un match de coupe de France. Malheureusement, il ne sera pas conservé par le club et doit poursuivre son parcours ailleurs. Il rejoint alors Béziers où il passera quatre saisons et aura même le statut de capitaine de l’Équipe qui a évolué en National. Il effectuera également un rapide passage à Agde avant de rentrer définitivement en Martinique. Aujourd’hui, Rodrigue évolue sous les couleurs du Club Colonial (Martinique) et est un international martiniquais. ll participera à la Gold Cup qui débute le 16 juin.
Rodrigue, tu as connu le haut niveau du football français (National et la Ligue 2). Pourquoi n’as- tu pas continué ?
J’ai eu une pubalgie en fin de saison à AGDE, j’ai dû arrêter la compétition en avril. J’ai passé huit mois à me soigner parce que la pubalgie, c’est difficile à gérer. Suite à ça, je n’ai pas retrouvé de club. Je suis rentré en vacances, je me suis dit que c’était peut-être le moment de rentrer à 30 ans. Je suis rentré.
Comment as-tu vécu le fait de devoir arrêter et surtout par rapport à une blessure ?
C’est une situation que j’ai mal vécue, ça a été un peu brutal. Mais avec du recul, j’ai quand même réfléchi à ma décision, j’ai pris le positif. Ça m’a permis de rentrer auprès de ma famille et de mes amis. Je me suis dit qu’après neuf ans et demi passé en métropole, c’était le moment, j’ai su rebondir en Martinique.
Comment s’est passé ce retour sportif en Martinique justement ?
Je suis rentré la saison dernière (2017-2018), j’ai continué à faire des soins après ma blessure à mon retour. Puis, j’ai été recruté par le Club Colonial ; j’ai repris le football réellement en décembre 2017. Vu que je suis resté longtemps sans jouer, j’ai eu des petits pépins physiques qui ont compliqué ma saison, j’ai fait une quinzaine de match. Cette année, j’ai attaqué ma deuxième saison dans ce club, j’ai joué 26 matches sur 26. Quand je suis rentré, le sélectionneur, m’a tout de suite appelé pour le projet de la sélection et depuis j’y suis. J’ai participé à la campagne de qualification à la Gold Cup et là je pars pour la compétition.
Toi qui a connu le haut niveau du football, comment juges-tu la façon dont vous êtes accueillis en sélection ?
Ça se rapproche du monde professionnel, le staff technique a fait beaucoup d’efforts sur ça. J’ai connu la sélection en 2009 et je sens une progression. On a fait beaucoup de progrès, les choses sont un peu plus professionnelles. J’aime aller en sélection, c’est carré même s’il y a encore des progrès à faire, c’est sûr ! On n’a pas les mêmes moyens que les clubs pros donc il y a parfois des petits couacs mais dans l’ensemble on a beaucoup progressé ! Justement, Mario BOCALY, en me sélectionnant à mon retour, m’avait demandé d’apporter cette rigueur que j’avais connue là-bas. Il l’avait demandé aussi à certains joueurs pros qui sont rentrés en Martinique comme moi. Je me suis attelé à ça et petit à petit, la mayonnaise a pris. En plus, maintenant il y a des joueurs pros en activité qui viennent nous apporter cette rigueur-là ça aussi. Ça fait un bon groupe qui a de la rigueur mais qui vit bien.
Parle-nous un peu de ton poste de défenseur au sein de cette sélection.
Je suis défenseur central au sein de la sélection, c’est un poste assez fourni en termes de joueur de qualité. Il y a souvent des pros qui reviennent jouer à ce poste. C’est vrai qu’il y a beaucoup de joueurs appelés pour deux postes disponibles qui sont assez importants dans une équipe. On le sait, l’expérience est souvent privilégiée à ce poste. La maturité aussi est importante même si un jeune peut jouer à ce poste bien sûr mais on lui demandera beaucoup de maturité et de responsabilité afin de commander sa défense. Être défenseur, ça demande des qualités assez diversifiées, on doit être très bon techniquement car le foot d’aujourd’hui demande de savoir relancer, contrôler, maîtriser le ballon… Il faut aussi avoir une bonne intelligence de jeu pour pouvoir pallier des situations compliquées. J’ai commencé à jouer à ce poste à 15 ans car avant j’ai été attaquant et latéral. J’ai appris à jouer avec ma formation en défense à plat.
Pourrais-tu nous parler de la défense des Matinino ?
Jean-Silvain BABIN évolue en D2 espagnole, il a l’habitude de venir en sélection. Il a joué 2 matchs sur 4 pour la qualification à la Gold Cup. Il a beaucoup d’expérience. Quand il revient jouer avec nous, il nous apporte beaucoup de sérénité et de solidité. Il a l’habitude de jouer contre des joueurs de haut niveau donc il faut apprendre de lui. En retour, c’est un gars assez ouvert et posé, on peut échanger avec lui, c’est super intéressant.
Jordy DELEM qui évolue aux USA et qui peut jouer en défenseur central, latéral ou milieu défensif. C’est un joueur très intéressant, c’est ma génération, on a pu jouer l’un contre l’autre. Il est pétri de qualités, il est en train de faire de belles choses aux USA. Il est solide techniquement, il est intéressant, il a fait trois matchs sur quatre durant les qualifications.
Quand ces deux joueurs-là reviennent, ce sont eux qui jouent le plus souvent dans l’axe.
Sebastien CRETINOIR, c’est le capitaine, c’est un joueur combattant vaillant. On le connaît tous en Martinique. Il ne lâche rien, c’est un guerrier. Dans l’esprit, c’est un joueur qui représente les Matinino et la mentalité de l’équipe.
LINORD Audrick, il a joué en métropole, il a connu le haut niveau. On a même eu l’occasion de jouer l’un contre l’autre quand j’étais en CFA à Bézier et lui à Villefranche. Il a l’habitude d’être appelé en sélection depuis des années, il a des qualités : il est solide et bon techniquement.
Dans l’ensemble, comme je l’ai dit, c’est un poste où il y a énormément de qualités. C’est intéressant de côtoyer ces joueurs pour pouvoir échanger et apprendre. Moi aussi j’apporte mes qualités, mon expérience.
Vous ne vous voyez pas souvent en sélection, comment faites-vous pour trouver un équilibre au sein de cette défense ?
On n’a pas l’habitude de jouer ensemble, c’est vrai mais ce sont les meilleurs qui sont appelés en sélection donc ce sont des joueurs qui ont quand même une faculté d’adaptation, des qualités pour jouer au haut niveau. Donc malgré les qualités différentes, les expériences différentes, avec beaucoup d’intelligence chacun arrive à s’adapter ; il suffit de bien communiquer. Pendant les entraînements durant toute l’année, on travaille ensemble, on essaye de progresser ensemble.
Comment vis-tu la concurrence au sein de ce groupe ?
Le sélectionneur a privilégié pour cette campagne de qualification les joueurs qui ont déjà des affinités, qui sont déjà là et qui viennent depuis un moment. Moi, je travaille, je ne lâche rien et je sais qu’à un moment donné j’aurai ma chance, je devrai la saisir. J’ai joué quelques matches notamment lors d’un tournois l’année dernière (en juillet), une rentrée en jeu au cours des quatre matches de qualification et j’espère jouer pendant la Gold Cup.