
La suite de notre série sur le football martiniquais nous emmène à parler d’un point très important : la FIFA. En effet, depuis quelques années la Ligue de Football de Martinique afin d’intégrer cette fédération internationale de football comme “membre à part entière”. J’ai demandé à M. PEREAU de nous présenter ce dossier dans un premier puis dans un second nous avons pu échanger sur les difficultés rencontrées autour de cette question.
“Nous considérons le dossier de demande d’intégration à la FIFA comme salutaire pour les ligues de Guadeloupe, Guyane, Martinique et Saint-Martin. Il s’agit d’un combat que nous menons depuis cinq ans avec l’instance fédérale et les pouvoirs publics de l’état français. Pour pouvoir demander son intégration à la FIFA, une association doit d’abord être membre depuis au moins deux ans d’une confédération. En 2015 donc, après 2 ans comme membre de la CONCACAF, nous étions en droit de demande l’intégration au sein de la FIFA. Nous avons formulé cette demande officielle auprès de la Fédération Française de Football. Le dossier se compose de trois parties, un exposé des motifs, une analyse juridique et un projet de convention.
L’exposé des motifs
Premier argument, une nécessité de développement sportif. Cette affiliation permettrait à toutes nos catégories de pratiques de football et de football diversifié (futsal, le beach-soccer), de pouvoir participer à un maximum de compétitions y compris aux phases qualificatives de coupe du monde.
Le deuxième argument extrêmement important est financier. On sait aujourd’hui que la FIFA donne des dotations extrêmement intéressantes à ses associations membres. On parle du dispositif FORWARD (crée par Gianni INFANTINO, président de la FIFA) qui permet d’accompagner les associations membres jusqu’à 1 millions 250 mille dollars par an pendant une mandature de 4 ans.
Le troisième argument est une motivation de représentation. Tout le monde sait que par le sport, les pays du monde entier y compris des petits territoires méconnus peuvent attirer les lumières médiatiques grâce à leurs performances. C’est le cas par exemple pour ST Kitts et Nevis, qui les connaitrait s’il n’y avait pas eu Kim Collins le champion de sprint ? Il est vrai que les meilleurs d’entre nous peuvent briller pour la nation française, ça peut se comprendre et on sait ce qu’apportent les sportifs Antillo-guyannais. Les médailles olympiques, les titres de champions du monde sont souvent issus d’athlètes d’origine antillo-guyannaise. Alors pourquoi ne pas permettre à ces territoires de pouvoir briller par eux-mêmes avec la représentation et l’image du territoire duquel ils sont issus ?
L’Analyse juridique
Nous voulons faire savoir à vos lecteurs que cette affiliation de nos territoires à la FIFA est juridiquement possible. Les statuts de la FIFA le permettent, l’article 11.6 dit que : « une association qui gère le football sur son territoire dans un pays non indépendant peut demander et obtenir l’affiliation à la FIFA sous réserve d’obtenir l’autorisation de sa fédération de tutelle ». La Nouvelle Calédonie, Tahiti et beaucoup de petits pays non indépendants des Caraïbes l’ont obtenu. On peut aussi parler d’Anguilla, Montserrat, Curaçao, Aruba… Les fédérations hollandaises et anglaises ont compris que pour ces territoires très excentrés, il était intéressant de leur permettre d’intégrer l’instance internationale pour avoir plus de moyens financiers, d’opportunités sportives et des retombées d’images extrêmement intéressantes. Ce n’est pas une question de statut politique, c’est une question de volonté d’une fédération de tutelle et de l’état français de laisser s’émanciper des territoires comme les nôtres.
Le projet de convention
Le troisième élément est un projet de convention que nous avons proposé à la fédération qui visait à régir la relation avec les nouvelles associations de Martinique, Guadeloupe, Guyane et Saint-Martin dans le cadre d’une affiliation FIFA. Nous avons bien expliqué qu’il ne s’agissait pas d’une rupture mais de permettre à ces territoires sportifs de se développer et d’avoir le positionnement à la fois de ligue fédérale française et le visage d’une association affiliée comme membre à part entière de la FIFA comme c’est le cas pour la nouvelle Calédonie ou Tahiti.”