
Dernier représentant ultramarin en coupe de France, l’Aiglon du Lamentin tentera d’écrire une nouvelle page de son histoire ce samedi 05 janvier 2019. Après s’être qualifié face à Sainte Geneviève en décembre dernier (victoire 3-2).
C’est face à Orléans, club de Ligue 2 que ce club de Régional 1 va devoir créer un exploit pour se qualifier et poursuivre cette belle aventure qu’est la coupe de France.
Malgré les polémiques d’après match créées par Sainte-Geneviève (sur l’arbitrage « maison ») … Malgré la frustration de ne pas pouvoir jouer ce match à domicile alors qu’ils ont été tirés au sort en premier (sacré règlement) … Malgré la frustration de devoir jouer ce match à Orléans… Malgré les températures loin des 30° qu’ils connaissent au quotidien… Les martiniquais ont préparé ce match le plus sérieusement possible depuis quelques semaines.
À J-1 du match, les joueurs sont allés faire du shopping et se promener à Paris afin de sortir de l’isolement de Clairefontaine où ils sont installés depuis ce mercredi 2 janvier pour préparer ce fameux match. C’est après ce moment détente que j’ai pu discuter avec José Goron de ce match. Ceux qui sont fidèles à Kréyoliaspower.net se rappelleront que j’avais déjà interviewé ce même José Goron pour un match de coupe de France il y a quelques années mais cette fois avec le Golden Lion. Joueur d’expérience, je lui ai posé quelques questions afin de connaitre l’état d’esprit du groupe à quelques heures de ce match historique.
Quelle a été votre préparation depuis votre qualification contre Sainte-Geneviève ?
On avait des matchs de championnat mais il fallait rester dans la dynamique de la coupe de France. On a eu un petit faux pas en championnat après la victoire face à Sainte-Geneviève mais on sait pertinemment que le championnat est long donc on a peut-être la possibilité de se rattraper. À partir de la trêve au niveau local, on a fait un stage de quatre jours avec des entraînements matin et après-midi. On a pris l’avion le 1ᵉʳ janvier. Une fois à Clairefontaine, on a continué à se préparer tactiquement, à essayer de peaufiner certains systèmes, mettre un plan de jeu en place pour pouvoir contrecarrer les plans de l’équipe adverse… Mentalement, ça va, on arrive à supporter le froid même si c’est toujours un handicap pour les équipes d’outre-mer. Maintenant on est déjà habitué, il y a certains joueurs qui ont de l’expérience par rapport à ça et pour l’instant le climat est supportable. Physiquement, nous sommes prêts donc on a hâte de jouer ce match.
Tu as déjà eu une expérience similaire avec le Golden Lion il y a quelques années. Qu’est-ce que tu peux apporter de plus à ton équipe avec cette expérience-là ?
C’était le 8ᵉ tour de coupe de France avec le Golden Lion, on avait été battu à Besançon en prolongations. C’est une première pour l’Aiglon comme pour moi d’arriver en 32ᵉ de finale de coupe de France. Ce que je peux apporter c’est mon expérience dans cette compétition et par rapport à mon âge, même si là, c’est différent. C’est une équipe professionnelle, de ligue 2, qui respire football alors que nous en tant qu’amateur on a une vie pro à côté. Il y a de bons jeunes joueurs à qui j’essaye d’inculquer mon expérience, comment préparer ce match, comment gérer la pression parce qu’il y aura de la pression… On sera regardé par tous les antillais donc j’essaye de montrer le chemin à prendre pour faire un match correct et bien représenter la Martinique.
Quels sont vos atouts pour affronter cette équipe ?
Par rapport à notre niveau et la hiérarchie qu’il y a entre les deux clubs, c’est d’être un bloc équipe et faire preuve d’une grande cohésion. Avoir un plan de jeu pour pouvoir contrecarrer leur projet, être en place, resserrer les lignes et jouer les coups à fonds. Nous n’avons rien à perdre, pour nous, c’est du bonus donc on va prendre du plaisir à jouer, être sérieux et appliqué. Ces équipes-là profitent de nos failles pour pouvoir s’en sortir. Ils ne vont pas faire de la figuration parce qu’ils jouent face à des amateurs. Ils vont vouloir tuer le match rapidement pour ne pas avoir à douter. Nous, notre atout, c’est de les faire douter, faire durer le match en ne prenant pas de buts très tôt parce que si on prend un but tôt ça va être compliqué. On a des atouts, notre équipe a un bon collectif, il n’y a pas vraiment de grosses individualités qui sortent du lot mais on est capable de faire un résultat. On sait que ça ne va pas être simple mais on veut bien représenter la Martinique, les équipes d’outre-mer et montrer une bonne image.

La question de jouer ce match en région parisienne s’est posée afin de permettre à l’équipe martiniquaise (déjà défavorisée par tous les éléments cités au préalable), de bénéficier du soutien du fort contingent martiniquais présent à Paris et en région parisienne. À cette requête, Patrick BOUTRON, président d’Orléans répond : « Le foot, c’est notre business, on n’allait pas jouer en région parisienne juste pour faire plaisir à l’Aiglon du Lamentin » (propos l’Équipe).
Ami du fairplay bonjour #enpleincoeur !
C’était sans compter sur la ténacité de nos compatriotes martiniquais. En effet, l’Aiglon du Lamentin pourra profiter du soutien de ses supporters, certes ils ne seront jamais aussi nombreux qu’ils l’ont été au stade Georges-Gratiant ce fameux 8 décembre… Ils ne seront pas non plus aussi nombreux qu’ils auraient pu l’être si le match avait eu lieu en région parisienne… Mais ils seront là. L’Aiglon pourra compter sur les quelques supporters déterminés qui feront le déplacement par leurs propres moyens, mais aussi sur ceux qui arriveront en bus grâce à un rassemblement organisé depuis Facebook. J’ai également discuté avec Karl MARIE, l’un des initiateurs de ce projet afin de savoir comment cela avait été mis en place.
Alors Karl, est-ce que tu es un supporter de l’Aiglon à la base ?
Je suis lamentinois à la base et supporter de la première heure, j’ai même été minime mais ça n’a pas duré longtemps… Je n’étais surement pas assez doué (rires). Étant en métropole maintenant, je suis de très loin le championnat local malheureusement.
Comment est venue l’idée d’organiser ce déplacement et comment s’organise-t-il ?
Avec une bande potes lamentinois en discutant, un d’entre nous a lancé l’idée et on s’est dit pourquoi pas. Puis nous avons soumis cela sur Facebook pour un test. Quand nous avons vu le nombre de personnes qui souhaitait participer, plus nos amis respectifs, on a validé cette idée de bus pour aller supporter l’Aiglon dans les tribunes. Je n’ai pas de chiffres exacts mais on a un bus complet. On attend d’autres demandes pour confirmer un deuxième but. En plus, il y aura surement une centaine de supporters qui viendront par leurs propres moyens. On a rdv à 11:45 à Créteil Rue Raymond Poincaré, on décolle à 12:15 et un repas sera servi à bord. Une équipe de télévision nous accompagne pour nous suivre et relater les moments insolites et l’ambiance. Le retour est prévu entre 19:30 et 20:00 à Créteil.
Quel serait ton message pour encourager cette équipe ?
Allez l’Aiglon ! Qu’ils soient forts dans la tête, il faut oublier le froid et donner le meilleur d’eux même !
Bref, la Martinique tout entière, que dis-je ? Les dom-tom attendent impatiemment ce rendez vous comme à chaque fois qu’il se présente. À la télé, à la radio, au stade on sera tous derrière vous…
Pliss foss l’Aiglon !