
Thomas Fontaine est un joueur originaire de l’Ile de la Réunion âgé de 27 ans qui évolue aujourd’hui au sein du Clermont Foot 63. Arrivé très jeune à l’Olympique Lyonnais, il a réussi à s’adapter à ce nouvel environnement, ce qui lui a donc permis de devenir footballeur professionnel. Au cours de notre entretien nous sommes revenus sur son parcours depuis son départ de son île
-Thomas, parle-nous de tes premiers pas dans le monde du foot.
Mon grand frère et ma grande sœur étaient tous les deux footeux et moi je me cherchais encore dans le sport (boxe- handball- basket- foot), j’ai tout essayé. Mon père était président du Club COM Terre Sainte (NDLR : à la Réunion) où j’ai démarré (jusqu’à benjamin 1ᵉʳ année), l’idée m’est venue de là principalement. Ensuite, je suis parti au club de la JS Saint Pierroise (NDLR : à la Réunion) (jusqu’à 13 ans). J’ai toujours cru en ce rêve depuis que je me suis lancé dans le football, c’était une passion et une porte de sortie. J’ai participé à la Coupe National avec la sélection de La Réunion à Clairefontaine. À mon retour de Clairefontaine j’ai dû résilier mon contrat avec la JS Saint-Pierroise, car ce club était en partenariat avec l’équipe du Havre, je ne pouvais pas partir pour Lyon à cause de ça. Je suis resté au COM Terre Sainte (qui n’avait de partenariat avec aucune équipe) durant trois mois avant de partir pour Lyon.

Comment a été possible ton recrutement à l’Olympique Lyonnais ?
Dès mon retour de la coupe nationale, l’Olympique Lyonnais a appelé le sélectionneur de La Réunion qui a commencé à parler avec mes parents. Ils ont montré beaucoup d’intérêt pour me faire venir. Mes parents n’étaient pas pour au début, mais après ils ont compris, je leur ai dit de me faire confiance. On a pris la décision ensemble même si le choix n’était pas facile je n’avais que 14 ans et demi…
De quoi as-tu eu peur au moment du départ ?
J’ai eu peur de pas mal de chose : le froid, le manque de la famille, je ne maîtrisais pas très bien la langue française, je n’osai pas trop m’exprimer dans cette langue. Même si j’ai appris le français, sur mon île je ne parlais que le créole. Mais ils ont su me mettre en confiance et au fil du temps, je me suis vite adapté.
– Que retiens-tu de ton passage à l’OL ?
-Ce que je retiens de ma formation lyonnaise, c’est leur façon de travailler et la façon dont ils m’ont fait grandir en tant qu’être humain, mais aussi au niveau du foot. Je ne retiens que de belles choses à Lyon, j’y ai quand même signé mon contrat professionnel.
-Durant ces années lyonnaises tu as connu quelques sélections avec l’équipe de France U20, comment tu as vécu ça à l’époque ?
-Le fait d’être sélectionné en U20 c’est un travail abouti par rapport à tous les efforts que j’avais fournis. J’ai aussi participé à une coupe du monde ce n’est pas donné à tout le monde, je suis content de mon expérience. Mais je suis partie en Ligue 2 et vu mon âge, c’était compliqué je savais que pour être en espoir et en équipe de France A ça allait être compliqué, surtout qu’il y a de sacrés défenseurs centraux en Équipe de France.
En 2012, tu décides de quitter l’OL pour le Tours FC. Comment se sont passées ces années à Tours ?
J’ai quitté le meilleur club formateur de France pour le Tours FC pour voler de mes propres ailes et montrer ce que je savais faire au monde professionnel. Je ne regrette pas d’être parti, je voulais jouer et Tours m’a donné cette opportunité. Mes deux années se sont bien passées. Le premier mois ça m’a un peu chamboulé car l’équipe perdait beaucoup alors que je sortais d’une saison en réserve où je n’avais perdu qu’un match… Le coach qui m’a recruté s’est fait virer mais ça n’a rien changé pour moi. On s’est maintenu et j’ai fait 21 matchs dans l’année, c’était mon premier objectif. La deuxième année on est passé à deux doigts de la montée, on a échoué à un mois de la fin… Mais j’ai fait 31 matchs donc j’étais satisfait. Pour ma 3ᵉ saison, je n’étais pas titulaire et je ne faisais pas partie du plan du coach. C’était la raison pour laquelle je voulais partir. Quand l’AJ Auxerre m’a contacté je n’ai pas hésité une seconde.

Avec l’AJ Auxerre tu connais une finale de coupe de France face au PSG. Que gardes-tu comme souvenir de ce match CDF ?
-J’ai joué contre mon idole, Thiago Silva. Franchement, c’est quelque chose qui m’a marqué parce que c’est une finale, il y en a plein qui n’ont jamais foulé la pelouse du Stade de France ou qui ne sont jamais arrivé en finale. Moi, je l’ai fait, c’est quelque chose de mémorable, c’est gravé, c’est dans ma tête pour toute ma vie.
C’est aussi à Auxerre que tu connais l’une des plus graves blessures que puisse connaître un footballeur, rupture des ligaments croisés. Parle-nous de ce moment.
– L’année durant laquelle je me suis blessé à la reprise du championnat, je m’étais fait les ligaments internes. J’ai été arrêté trois mois, mais j’ai repris au bout de deux mois et demi. La blessure est revenue un mois et demi plus tard, c’était en coupe de la ligue contre Toulouse lors d’un duel contre Brathwaite. Je vais intercepter le ballon, il frappe dans ma jambe et dans le ballon en même temps. J’ai senti mon genou faire un aller-retour et je savais que c’était fini pour moi. Le jour où s’est arrivé j’étais un peu dégouté parce que j’étais en pleine bourre, je revenais bien… Par rapport au collectif, c’était un peu rageant parce qu’on était bien. Je pense que le fait d’avoir enchainé les matchs et de ne pas avoir pu récupérer a fait que la blessure devait arriver. C’était déjà écrit comme ça, ça fait partie de la vie ; je préfère que ça me soit arrivé à ce moment plutôt qu’à un autre. La période de convalescence était très dur dans tous les sens du terme. Une semaine sans vraiment marcher, j’ai dû faire 50 pas en une semaine, rester immobile, c’était vraiment chiant. Il fallait prendre mon mal en patience. Heureusement que ma femme était là pour m’aider. Le plus dur c’est de tout recommencer à zéro, c’est ça le plus dur… Prendre son mal en patience, ne pas sauter les étapes, c’était vraiment dur. Je me suis dit « à moi de continuer à bosser », c’était soit cette blessure me rendait faible ou elle me rendait plus fort. Aujourd’hui, elle m’a rendu plus fort.
À la fin de ta convalescence, tu t’engages au Clermont Foot 63, le fait que tu sois encore blessé n’a pas été un problème ?
J’étais en fin de contrat avec l’AJA, j’ai voulu partir parce que le staff allait partir et je me suis dit quitte à me relancer je préfère partir pour un nouveau challenge. J’avais plusieurs offres, mais la blessure a tout stoppé. Clermont s’est présenté quand j’étais en phase de reprise. J’avais repris la course et le club savait avant que je signe où j’en étais physiquement, donc ça n’a pas été un souci. En plus avant de signer j’ai fait des tests médicaux et physiques, ils ont eu la confirmation que les feux étaient au vert. La particularité, c’est que le préparateur physique que j’ai eu à Auxerre a aussi signé à Clermont, ce qui a facilité le suivi de ma blessure.
Tu fais partie de ces rares joueurs qui ont eu une femme entraineur, est-ce vraiment différent des autres coachs que tu as connus ?
Corinne Diacre était plus exigeante par rapport à notre coach actuel (Pascal Gastien) mais sinon il n’y a pas vraiment de différence quand on parle football, que ce soit homme ou femme le langage est le même.
Comment tu envisages l’avenir ?
Je suis arrivé en 2016 et je suis en fin de contrat, je me sens bien dans l’équipe de Clermont. Je pense que l’aventure va s’arrêter avec eux sauf si on monte. Je cherche un club de Ligue 1, aujourd’hui progresser et j’aimerais avoir un nouveau challenge et pourquoi pas plus tard, partir à l’étranger.

Au niveau international, j’ai appris que tu es un international malgache et pas réunionnais comme on aurait pu le croire. Comment est-ce possible ?
Ma grand- mère est malgache et le sélectionneur m’a appelé pour un challenge : participer à la CAN2019. La Réunion ne fait pas de grande compétition du coup, j’ai penché pour la sélection de Madagascar et on fera tout pour se qualifier. On a une chance de participer tout est jouable, on est dans la poule du Sénégal, de la Guinée-Équatoriale et du Soudan ; les deux premiers se qualifient on verra bien. Pour le moment on a gagné 3-1 au Soudan, on est 1ᵉʳ ex æquo avec le Sénégal qui est le favori.
Nous avons pour habitude de conclure nos interviews avec un conseil à un jeune joueur qui souhaite se lancer dans cette aventure, quel serait le tien ?
Le conseil que je peux lui donner c’est de croire en ses rêves et surtout d’être prêt à faire des sacrifices pour atteindre ses objectifs.