Yolan Sylvestre est un jeune cycliste martiniquais de 22 ans. Fan de deux roues depuis son plus jeune âge, il évolue aujourd’hui au plus haut niveau amateur de cyclisme en double appartenance en Métropole / Martinique (terme sur lequel nous reviendrons au cours de notre entretien). Parti il y a quelques années dans l’Hexagone il a eu la chance de pourvoir poursuivre sa progression en club et de découvrir un autre niveau.
Alors parles-moi de toi petit, comment t’es venu cette passion pour ce sport ?
C’est venu de ma passion pour les deux roues, au début je voulais à tout prix faire de la moto car mon père en faisait. Du coup je me suis lancé au VTT très jeune (5-6ans) pour apprendre un peu les bases du 2 roues pensant passer ensuite sur la moto. Mais je me suis fait avoir (rires). J’ai donc pris une licence au club du robert (« VTT Robert » à l’époque, maintenant « Jeunesse Cycliste 231) où je suis toujours licencié. Ma tante était également fan de vélo, je les regardais tous les jours du haut de son balcon. Elle m’a donc motivé et emmené faire mes premiers tours. C’est vite devenu une passion et je n’ai pas arrêté jusqu’à maintenant.
Tu t’es donc dirigé vers ce sport à l’âge où bon nombre de petits garçons se dirigent vers le foot, tu n’as jamais eu envie d’en faire toi ?
J’ai longtemps pratiqué le foot avec les amis au quartier tous les soirs après l’école puis en club mais ça restait pour moi juste un jeu.
Alors comment se passent les premières années de pratiques ?
Dans les petites catégories en école de cyclisme c’était vraiment des loisirs, de l’amusement. Je n’étais pas au-dessus du lot, loin de là mais je me débrouillais. Cela me permettait aussi de voyager un peu (avec les sélections) quand t’es jeune ça reste de super moment. Mais ce qui était vraiment top c’était l’ambiance, les copains, la vie du club ; c’était comme une famille du coup on s’y attache vite.
À quel moment de ta jeunesse tu t’es dit “je vais en faire mon métier” ?
En cyclisme ce n’est pas aussi développé niveau centre de formations comme au foot, si tu n’es pas vite dans une grosse structure tu ne penses pas trop à en faire ton métier ça reste juste un rêve mais rien de plus. Ensuite en gravissant les échelons tu commences à y penser mais il faut quand même rester lucide c’est réservé à une petite élite. Les places sont beaucoup moins nombreuses que dans le foot et ça rend le passage au monde pro très compliqué dans le cyclisme.
Tu es arrivé dans l’Hexagone il y a 5 ans, était-ce dans le but d’évoluer dans un club professionnel ?
Je suis parti avec ma mère pas du tout pour le vélo en fait et j’ai cherché un club. J’ai eu les infos qui me disaient que le « Sprinter Club de Nice » (en DN3) était le club le plus réputé du département j’ai donc pris une licence là-bas. Vu que j’étais encore dans la catégorie junior il n’y avait pas besoin de grand-chose, juste s’inscrire et se licencier. J’y suis resté à peu près 5 ans.
Par rapport à la Martinique le rythme, le niveau des entraînements étaient vraiment différents ou bien ça reste similaire ?
Pour les entraînements tout dépend du coach et aussi des périodes. En périodes intersaison il y avait des entraînements club 2-3 fois par semaine. Sinon pendant la saison on a chacun nos programmes d’entraînements définit par un coach. En dehors des séances avec le club, je m’entraîne avec les coéquipiers qui n’habitent pas loin ou seul. C’est surtout au niveau du programme de course que ça change énormément, le calendrier est beaucoup plus chargé.
Tu as réussi à gérer ce nouveau rythme ? Qu’est-ce que tu as fait pour t’adapter ?
Ça a pris du temps, difficile les premières saisons, à force on prend ses marques mais c’est surtout le froid au début qui a été compliqué à gérer. Apres avec l’habitude on arrive à gérer les habits, les équipements …
Du coup le fait d’avoir connu un autre niveau t’a conforté dans ton envie d’en faire ton métier ou tout le contraire ?
Ça reste une passion après il y a toujours le rêve d’en faire son métier mais je n’y pense pas. C’est déjà top d’évoluer au haut niveau amateur, ça fait une super expérience on en profite et on verra bien ensuite.
Comment l’occasion d’intégrer un centre de formation s’est présentée à toi ?
Ce n’est pas vraiment un centre de formation en vélo. Il n’y en a que 2-3 en France qui évolue dans le même échelon que la structure que j’ai intégrée. C’est une structure de DN1, le « Team Pro Immo » (division nationale 1) le plus haut niveau amateur en France, le dernier échelon avant le monde pro en quelques sortes. Pour intégrer ces clubs là il faut envoyer un CV et ensuite selon ton palmarès, tes résultats on te prend ou pas mais en général, ce sont les dirigeants qui détectent les coureurs qu’ils veulent recruter.
Du coup évoluer avec un calendrier de DN1 dans de supers conditions au niveau staff, matériels etc augmente les chances mais la marche est encore très haute pour penser évoluer un jour chez les pros. J’ai eu la chance de les rencontrés sur le tour de Guadeloupe l’an dernier du coup je suis rentré en contact.
Aujourd’hui tu évolues donc « en double appartenance », techniquement comment ça se passe ?
C’est une double licence qui a été mise en place entre les DOM-TOM et la Métropole pour le développement du cyclisme aux DOM-TOM. Ça me permet donc d’évoluer en métropole tout en gardant mon club de Martinique, la « Jeunesse Cycliste 231 » et m’inscrire aux compétitions lorsque je rentre au pays.
Comment cela se passe au niveau de la gestion des deux calendriers ? Privilégies-tu un club par rapport à un autre ?
Forcement au niveau calendrier je dois faire l’impasse d’un côté, cette saison je privilégie le club de métropole puis le calendrier est beaucoup plus chargé du coup il y a toujours des courses un peu moins importantes et là je peux partir pour les grosses manifestations aux Antilles.
Quel est ton plus beau souvenir à ce jour ?
Ma victoire sur la première étape au championnat des DOM-TOM le jour de mon anniversaire l’année dernière. Niveau résultats, je pense que c’est ma 8eme place au classement général du tour de Guadeloupe (2.2) cette année.
En quoi penses-tu que ton parcours est similaire à celui d’un jeune qui part pour devenir joueur de football professionnel ?
C’est assez similaire dans le sens ou on fait forcément beaucoup de sacrifices pour espérer y arriver mais l’acheminement est assez différent dans les deux sports. Je pense qu’au foot les jeunes auront beaucoup plus cette idée de signr pro en tête étant dans des centres de formations qui les rapprochent du monde pro contrairement à moi qui n’y pense pas vraiment pour le moment.
Cyclisme ou football, quel conseil donnerais-tu as un jeune qui hésiterait à se lancer ?
Un conseil pour le moment je ne sais pas si je peux en donner je suis encore jeune, je n’ai pas encore “réussi” dans le monde du cyclisme. Mais une chose est sûre c’est qu’il faut tenter et faire les sacrifices nécessaires au moins il n’y aura pas de regrets.
Merci Yolan d’avoir répondu à mes questions, bonne continuation !