Emelyne Laurent est une jeune martiniquaise âgée de 16 ans, bientôt 17 ans. Comme beaucoup d’autres elle a débuté son histoire avec le football grâce à ses parents, mais aussi à l’école, dans la cour de récréation. Passée par le club de la Samaritaine, elle évolue aujourd’hui au sein du Montpellier Hérault Sport Club (MHSC) au poste de milieu droit, rapide, technique et capable de jouer à tous les postes offensifs ; elle a accepté de revenir avec moi sur son parcours.
Parle-nous de ton recrutement depuis la Martinique.
J’ai été recrutée parce que j’étais dans une association “Sportifs de Cœur” menée par Éric Sabin. Nous sommes partis en France il y a trois ans. Nous sommes allés faire des matches et on a joué contre Montpellier, c’est à ce moment-là que j’ai été recrutée par mon club.
Avant de partir mes parents ont toujours été de mon côté, ils m’ont soutenu dans tous mes projets, c’était difficile d’accepter, mais finalement, ils étaient toujours avec moi. J’ai suivi mon projet, j’avais envie de le faire donc je l’ai fait mes parents étaient là et me soutenaient. Cela a été très dur de m’éloigner de ma famille, de la Martinique parce que c’est mon île natale et sachant que notre culture est différente de celle des métropolitains… Franchement, ça m’a fait un grand vide au début, mais après je me suis toujours adaptée donc j’ai réussi à m’adapter bien que ce soit loin d’être facile.
Arrivée dans l’Hexagone comment se déroulent tes premières années ?
Quand je suis arrivée dans l’hexagone, ma première année s’est bien déroulée j’étais dans une famille d’accueil, je n’ai pas connu la vie au centre. Je me déplaçais par les transports en commun pour aller aux entraînements.
La vie en famille d’accueil, cela s’est bien passé puisque c’était une famille antillaise du coup on s’est bien entendu. Je n’ai pas eu de problème au contraire, je pouvais discuter, ils étaient là quand j’avais besoin.
À quel niveau évolues-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui j’évolue en U19 national, c’est ma deuxième année et je m’entraîne avec les pros du MHSC ! J’essaye de rentrer dans le groupe, de me créer une place ce qui n’est pas forcément facile, mais j’espère que j’y arriverais. Après il y a une très bonne entente avec les coéquipières et cette année on a vraiment un très bon groupe avec des jeunes joueuses qui ont du talent, de bonnes qualités.
Tu as également été appelée en Équipe de France.
Ma première convocation en équipe de France, c’était durant ma première année. Mon coach a trouvé que j’avais des qualités et elle en a parlé au sélectionneur de l’Équipe de France. J’ai ensuite été sélectionnée en avril 2013.
L’équipe de France, c’est encore plus de rigueur qu’en club, j’ai trouvé ça bien. Ça te permet de progresser encore plus. Tu sais que tu représentes ton pays, une nation, c’est magique ; c’est exactement le mot. La première fois que j’ai chanté la Marseillaise avec mes coéquipières, c’était vraiment magique. On a ressenti la même chose on avait toutes envie de mouiller le maillot pour notre patrie, c’était vraiment quelque chose de superbe. En plus, on a des sélectionneurs qui sont très à l’écoute même s’ils sont très exigeants, ce qui est tout à fait normal.
La première fois que j’ai chanté la Marseillaise avec mes coéquipières c’était vraiment magique
Revenons sur ton arrivée dans l’Hexagone, qu’est ce qui pour toi a été vraiment différent de la Martinique ?
Quand on part loin de sa famille, on grandit plus vite, on remarque qu’finalement, ce n’est pas si mal de voler de ses propres ailes. J’ai beaucoup changé, quand je regarde certaines personnes restées là-bas, je me dis que si j’étais restée je serais peut-être comme ça. Maintenant j’ai l’esprit beaucoup plus ouvert.
Si je dois rajouter quelque chose, c’est le fait qu’on soit avec des personnes d’autres cultures, c’est vraiment différent. Je ne vais pas dire qu’il y a du racisme, mais c’est plutôt de l’ignorance. Des fois on te pose des questions, on te fait des petites réflexions, ce n’est pas très agréable à recevoir puisqu’on a une identité. On est quelqu’un et le fait que les autres ne sachent pas qui on est, c’est toujours difficile. Le tout c’est de connaitre son identité, c’est-à-dire qui on est et après quand on sait d’où on vient et où on va comme dit le proverbe, on réussit.
Sportivement, qu’est ce qui t’as marqué ?
Sportivement, la première chose qui m’a marqué, c’est l’arrivée aux entrainements, l’assiduité au travail et le fait qu’ici, ils ont une vision différente du foot. Pour eux ça peut être un métier alors qu’en Martinique on ne l’envisage pas forcément comme ça vu que c’est une petite île. Si tu veux vraiment percer on t’envoie toujours dans l’Hexagone ou dans divers pays ; le fait qu’on soit éloigné ça n’arrange pas les choses. Si tu envisages d’en faire ton métier il faut que tu sois assidu au travail. Ça, c’est vraiment différent par rapport à la Martinique où on peut arriver à n’importe quelle heure, tu t’entraines, si tu n’as pas envie de t’entrainer tu ne viens pas ça ne te porte pas vraiment de préjudice. Ici tu as des horaires à respecter, ça aussi ça m’a vraiment marqué, tu dois être toujours à l’heure puisqu’on a des amendes lorsqu’on est en retard. Après quand on a un objectif en tête tous ces petits détails ne sont rien du tout.
En conclusion, qu’est-ce que tu conseillerais à un jeune qui souhaite débuter ce parcours vers le monde du football professionnel ?
Je lui dirais de suivre son cœur s’il a envie d’y aller. Ne jamais perdre de vue ses objectifs et de tout donner, car après il n’y a pas de seconde chance, il est important d’écouter et de mettre en place ce que le coach nous dit… Il faut vraiment, vraiment tout donner pour la chose qu’on veut faire et qu’on aime faire surtout.
Merci Emelyne d’avoir répondu comme tu l’as fait à mes questions, une très bonne continuation avec le MHSC !