Cette semaine, je vous présente Lénora Guion-Firmin, une jeune Martiniquaise originaire de la ville de Trinité et âgée de 24 ans. Grande passionnée de sport depuis son plus jeune âge, elle a d’abord débuté par la gymnastique avant de se lancer dans l’athlétisme ; sport dans lequel elle s’épanouie depuis de nombreuses années maintenant. Rencontre avec une amoureuse du sport.
Lénora, parle-nous de tes débuts sportifs.
Je faisais de la gym mais je ne pouvais plus pratiquer donc il fallait que je trouve un autre sport. Ma mère court le semi-marathon chaque année elle m’a dit d’essayer l’athlétisme. Au début c’était seulement pour un an car je voulais faire du foot ou du rugby. Mais n’ayant pas vraiment d’équipe féminine dans ces deux sports, j’ai essayé l’Athlé. 14 ans plus tard j’y suis toujours.
C’est vraiment le fait qu’il n’y avait pas de club en foot ou en rugby qui t’a poussé vers l’Athlétisme ?
J’étais en omnisport c’est là que j’ai eu cet amour pour les deux sports, foot et rugby mais en fait à l’époque les clubs étaient mixtes jusqu’à l’âge de 14 et après une fois 14 ans passés, je n’aurais pas pu continuer le sport et si tu tombes amoureux du sport et qu’on te dit qu’il n’y a plus de ligue pour toi… Du coup je me suis dit que ce n’est pas la peine de m’engager dans cette voie. C’est là que ma mère m’a proposé son sport à elle, l’athlétisme.
Comment tu passes d’y aller « juste un an » à 14 ans dans ce sport ?
C’est facile, c’est vraiment l’amour du sport. Quand j’étais jeune ce n’était pas du tout les mêmes choses c’était des courses en sac, c’était plus un amusement et puis tu te fais des amis… Je suis vraiment tombée amoureuse de ce sport. Je ne peux même pas dire comment mais c’est juste que voilà, la liberté de courir, j’aimais ça. Comme j’ai toujours fait du sport en même temps que l’école j’adorais ça, je suis juste restée, je me suis construit une deuxième famille en gros, je ne vois pas ce que je pourrais faire d’autre en fait…
Pourquoi être partie aux Etats-Unis ?
Dans un souci d’associer sport et études au plus haut niveau, j’ai décidé de partir parce que tous mes amis qui avaient continué leurs études en France avaient dû à un moment ou un autre arrêter le sport ou même s’ils continuaient, les résultats sportifs avaient considérablement faiblis et ce n’est pas ce que je voulais pour moi.
Sachant que le système américain permettait le succès dans les deux, ça a été mon choix de partir aux Etats-Unis.
Tu t’entrainais donc aux Etats-Unis, cela faisait partie de ton cursus ou tu avais un coach particulier ?
Au début je suis partie à l’université, le système américains fait que le sport est inclus dans l’éducation ce n’est pas juste l’UNSS ou 2 heures par semaine comme le système français, tu es dans l’équipe de l’école. C’est là que j’étais, je courrais pour l’école, c’était le coach de l’école qui nous entraînait en tant qu’équipe. Après avoir fini mon diplôme j’ai cherché un autre coach qui m’entraîne avec d’autres athlètes de haut niveau.
Le fait d’être partie aux Etats-Unis ne t’as pas fait peur par rapport à l’équipe de France ? Comment se passait le suivi de ta vie t’athlète française aux Etats Unis ?
À cette époque-là je n’avais pas pensé à tout ça, le fait d’être partie aux USA fait que j’ai une moins bonne couverture médiatique par rapport aux autres athlètes français mais bon ce n’est pas vraiment ce qui m’intéressait. Moi c’était vraiment l’épanouissement dans mon sport et dans les études et c’est exactement ce que j’ai eu en allant aux Etats-Unis. Je ne regrette pas. Il faut aussi savoir que l’Athlé est un sport individuel du coup on peut s’entrainer un peu où on veut. On doit juste rendre compte de nos résultats à la fédération ce n’est pas vraiment à l’équipe de France. En fait tu ne fais partie de l’Equipe de France que quand tu fais le temps nécessaire.
Le temps nécessaire, c’est-à-dire ?
En fait chaque compétition à se propres modalités et ses propres minimas. « Les minimas », c’est un barème de temps par catégorie, par épreuve et par sexe ; il faut pouvoir les atteindre ou être vraiment très proches pour être sélectionnée. Si trop de personne ont atteint les mininas, selon les modalités par épreuves (en général 3 athlètes par épreuves) on emmène le nombre d’athlètes conséquent, il faut aussi être régulier dans le temps.
L’Athlétisme, c’est vraiment un autre système t’es en équipe de France certes mais par compétions tu ne peux pas dire « cette année j’étais en équipe de France. »
Toutes nos compétitions sont libellées IAAF, c’est l’IAAF qui donne les résultats. Dès que tu as couru les résultats sont sur internet c’est comme ça que la fédération française d’Athlé voit ce que tu fais et tu es pris ou non selon tes résultats.
Du coup il faut donc vraiment être toujours parmi les meilleurs de ta catégorie pour espérer une sélection en équipe de Français ou la régularité compte quand même ?
Ils essayent quand même de regarder la régularité mais à la base pour chaque compétition il y a des minimas c’est-à-dire un barème, une fois que tu l’atteins tu es qualifié.
En ce qui concerne les relais seulement 4 vont courir mais ils envoient 5 à 6 filles ou garçons pour les remplaçants mais entre finale et demi-finale on peut changer du coup tout le monde peut courir.
-Te souviens-tu de la première fois où tu as été sélectionnée en EDF ? Est-ce que tu peux nous en parler ?
C’était pour les championnats d’Europe Junior en Serbie. Ça s’est plutôt bien passé. C’était ma première Equipe de France mais comme nous sommes des insulaires, nous avons également une équipe de Martinique donc cette expérience d’être en équipe je l’avais déjà développé depuis bien longtemps. Mais en tous cas c’était une fabuleuse expérience parce que là on porte le « Bleu Blanc Rouge » en plus dans un pays où je ne pensais jamais aller, c’était plutôt sympa.
-Est-ce que tu peux évoquer tes grands exploits sportifs ?
En numéro 1 je vais mettre mon titre de championne d’Europe Espoir sur le 400M puis j‘avais été 2ème au 200M et 3ème au 4x100M. Sinon ma première médaille en senior c’était avec le 4×4 on a été 2ème d’Europe ou on s’est d’ailleurs qualifié pour les J.O de Londres, quand j’ai couru on s’est qualifié mais on ne m’a pas laissé courir pour les J.O, c’est ma plus grande déception.
-Quels sont tes projets pour le futur proche ?
L’homme propose Dieu dispose, ce qui sera fait se verra…
Est-ce que pour réussir en athlétisme, les jeunes Antillo-Guyanais sont condamnés à partir à l’étranger pour réussir comme pour le foot ?
Condamné c’est un peu fort. Je ne pense pas qu’on soit obligé de partir à l’étranger, il faut juste trouver la structure qui nous convient. Si en Martinique le sport exercé a une bonne structure autant rester, si bien sûr on le veut. Mais si la structure n’est pas stable c’est sûr il vaut mieux partir vers une bonne. Je ne vais pas dire que c’est en Martinique qu’il y a des mauvaises structures, pour avoir déjà voyagé certaines sont bonnes d’autres non. La seule chose c’est que comme nous sommes une île, souvent il n’y a qu’une seule infrastructure par sport alors que dans les autres pays il y en a plusieurs. Si on a les moyens de trouver l’endroit qui nous convient autant partir mais condamné, je ne dirais pas ça.
Surtout que nous en Martinique on a cette chance d’être dans le berceau caribéen et de se confronter aux meilleurs athlètes, avec les échanges dans la caraïbe les meilleures compétitions sont ici. Le climat aussi, regardez comment les athlètes européens cherchent à venir dans la caraïbe pour rechercher la chaleur pour pouvoir s’entraîner et courir. Ça témoigne qu’il y a de quoi faire ici mais il faut le faire…
Retour sur le foot et le Rugby maintenant que les structures sont plus développées, te vois-tu tenter une reconversion ?
J’aurais bien essayé le rugby mais juste en amateur, moi mon cœur et ma dévotion sont à l’athlétisme. Maintenant j’aime énormément le sport il est vrai que si je pouvais j’aurais fait d’autres disciplines telles que le volley ou le hand ; j’aime juste faire du sport. Après, tout abandonner pour un autre sport je ne sais pas mais en amateur oui, je trouve ça plutôt sympa.
-Quel serait ton conseil pour les jeunes antillo-guyanais qui souhaitent se lancer dans le haut niveau ?
Si j’ai un conseil à donner c’est juste de se lancer. Si vous êtes convaincus que vous avez un don, que vous voulez travailler dessus, que c’est ce qui vous motive, qui vous passionne et que ça arrive, lancez-vous. Mais Il faut être prêt à faire les sacrifices nécessaires. Honnêtement, au début on ne sent même pas que ce sont des sacrifices parce que on aime tellement ce qu’on fait, on en veut tellement que c’est plutôt avec le recul qu’on se rend compte qu’on a fait des sacrifices. Mais quand on aime ce qu’on fait ce ne sont pas des sacrifices mais justes des étapes à passer.
Donc voilà, lancez-vous, faites-le, la vie est courte, nous sommes jeunes, profitons-en !
Lenora, merci pour ta disponibilité et patience et pour nous avoir éclairé, mes lecteurs et moi même sur le monde de l’Athlétisme. Bonne continuation !
#LeDicoDesOuPas
IAAF (International Association of Athletics Federations) : L’Association internationale des fédérations d’athlétisme régit les fédérations nationales d’athlétisme et organise les compétitions internationales mondiales. Elle a différentes missions, à savoir : standardiser les méthodes de chronométrage, prise de mesure, enregistrer et valider les records du monde dans les épreuves officielles…
ByeBye Fans (OuPas) De Foot !!!!