
Les Matinino participeront à la CONCACAF Nation League avec pour objectif de se qualifier pour les phases finales de la Gold Cup. Marc COLLAT, le sélectionneur a dévoilé le nom des 23 joueurs qui participeront à cette compétition. Parmi eux, Kevin PARSEMAIN, le même Kévin PARSEMAIN qui avait annoncé officiellement l’arrêt de sa carrière avec cette sélection. Nous étions alors allés à sa rencontre afin de discuter de ses années passées à représenter les couleurs de son île. C’est donc tout logiquement que nous sommes de nouveau partis à sa rencontre afin de comprendre les raisons qui l’ont poussé à faire son retour.
Kevin, lors de notre dernière conversation, tu étais à Porto Rico avec le Golden Lion. Comment vas-tu depuis ?
Le retour se passe bien, moi ça va. Mentalement, c’était un peu difficile après Porto Rico et la cruelle élimination en CONCACAF Caribean Club Shield. Il a fallu vite se remettre dedans puisqu’on a joué tout de suite le derby (1-1 vs RC ST Joseph), ça nous a permis de nous concentrer sur autre chose. Même si on avait peut-être encore la tête ailleurs parce qu’on n’a pas fait un super match malgré une bonne entame. On a pu enchainer avec une victoire le weekend dernier (3-0 face au RC Lorrain) et ça a fait du bien à tout le monde. On se remet tranquillement de cette compétition.
Ces derniers jours ont été marqués par l’annonce de la liste des Matinino pour la ligue des Nations. Qu’elle ne fut pas notre surprise de découvrir ton nom dans cette liste alors que tu avais annoncé ta fin de carrière internationale il y a quelques semaines… Que s’est-il passé ?
Même moi j’étais un peu surpris de la sollicitation de la sélection. J’avais quand même bien signifié que je préférais laisser la place aux jeunes. Et dans mon état d’esprit, c’était vraiment ça l’objectif, je n’ai pas changé d’avis. Il y avait aussi le fait que mon corps ne me permettait peut-être plus de jouer sur les deux tableaux. Mais M.COLLAT a quand voulu que je sois là malgré ma position.
Qu’est-ce qui t’a poussé à accepter ?
Pour le côté physique, en y réfléchissant, vu le format de la compétition, ça ne rajoute pas énormément de matchs dans la saison donc ça va. Je pense que physiquement, je pourrai tenir. Au fond, je me suis dit que s’ils insistent, c’est que le pays a besoin de moi et que je ne peux pas non plus continuer à refuser par fierté parce que j’avais déjà dit que j’arrêtais.
Tu n’as pas pensé qu’au contraire, ça pourrait être vu différemment, que les observateurs et le public pourraient se dire “il voulait qu’on vienne le chercher” ?
Non pas vraiment, je n’ai pas pensé à ce que ça pourrait laisser paraître de l’extérieur. Pour moi, le plus important, c’était de savoir si le groupe avait besoin de moi. Le reste, ce sont des personnes qui regardent de l’extérieur, ils n’ont pas tous les tenants et aboutissants. Il y a des critiques sur le terrain, des mécontents, si on s’arrête à ça on n’avance pas. Le plus important, c’était de savoir que le staff me faisait confiance.
Penses-tu que ta très bonne prestation à Porto Rico a pesé dans la balance du staff des Matinino ?
La compétition a dû leur donner une motivation supplémentaire pour me recontacter. Javais déjà eu des échos selon lesquelles ils ne voulaient pas que j’arrête, mais que je les avais pris de court avec ma décision. Au final, le sélectionneur m’a dit qu’il a essayé de respecter ma décision, il savait que c’était surtout par rapport à ma forme physique. Mais quand il a vu que j’étais bien à ce niveau-là, il ne pouvait pas ne pas me poser la question.
Tu pars en disant que tu laisses la place aux jeunes et au final, tu récupères cette place. Encore une fois, n’as-tu pas de crainte qu’on se dise que tu as justement pris la place d’un de ces jeunes ?
Oui j’y ai pensé un peu, je me suis dit que c’est dommage pour le joueur, le jeune que je “remplace”. Il devait avoir très envie d’y aller aussi. Maintenant j’ai laissé la place comme je disais donc si le coach m’a quand même appelé, c’est qu’il a ses raisons. Mais oui j’y ai un peu pensé, j’avais vraiment l’intention de laisser la place, j’étais en adéquation avec ma décision. Maintenant, le corps répond présent alors s’il faut aider la sélection, je suis content de le faire. Je reste quand même au service de mon pays et c’est l’essentiel.
Te projettes-tu déjà sur ton retour au prochain rassemblement après une si longue absence ?
Je ne réalise pas encore tout à fait, pour l’instant, c’est match après match. On va se pencher sur les Matinino le moment venu et on verra. Pour le moment, il faut que l’on finisse premiers de notre poule avec le Golden Lion. On a deux gros matchs qui arrivent contre la Samaritaine le 2ᵉ et contre le CO Trenelle, le 3ᵉ. Ce sont les matchs qui occupent mon esprit pour le moment. La sélection, forcément, ce sera beaucoup d’émotions, mais on a encore le temps de se préparer à ça.
Ne penses-tu pas que ça pourrait être la fois de trop ?
On peut se dire ça, mais ça dépend de l’état d’esprit, de la motivation de tout un chacun. Je le fais vraiment pour le pays, je n’ai pas de regret à avoir. À partir du moment où j’ai accepté de revenir, c’est que j’ai arrêté de penser à moi-même. C’est sûr que c’était la solution de facilité de rester sur le coup franc du Mexique, de partir par la grande porte. Maintenant, je n’ai pas cet état d’esprit là en général, je suis plutôt un compétiteur. Si j’estime que j’ai encore la possibilité d’aider la sélection, j’y vais les yeux fermés tout en étant conscient de mon, niveau actuel. Je pense que je n’ai peut-être pas les jambes de mes 20 ans, mais j’ai de l’expérience. Je peux apporter aussi un peu de confiance à un groupe qui ne se connait pas bien, je connais aussi très bien la compétition. À ce niveau-là, je vais apporter peut être plus que mes performances en tant que joueur sur le terrain.
On s’était quittés comme ça sur l’interview réalisé ensemble, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter à nouveau avec les Matinino ?
Je l’avais déjà dit, pour moi, l’objectif, c’était de passer les phases des poules de la Gold Cup. Là, il faut déjà se qualifier et on a beaucoup de chance de faire partie de cette compétition. Maintenant, il nous faut viser, comme dans chaque compétition dans laquelle on s’engage, le plus haut possible. Ça veut dire aller chercher les exploits contre deux grandes nations du football de la CONCACAF pour viser une demi-finale dans la compétition. Si on finit deuxième, on se qualifie pour la Gold Cup et si on finit premier, on a une autre compétition à jouer avec les phases finales. C’est tout ce qu’on peut souhaiter à la Martinique, ce n’est pas moi particulièrement. Je n’ai plus vraiment d’objectif personnel à aller chercher, c’est vraiment le pays qui doit primer donc on espère qu’on va atteindre les objectifs fixés.
INTERVIEW AVEC KEVIN PARSEMAIN
Cette interview a été réalisé en partenariat avec Kréyol Market avant que Kevin ne fasse son retour en sélection.