Kreyol Diaspower a pour but principal de mettre en lumière les jeunes antillos-guyanais dans le monde du foot mais c’est aussi important pour moi de parler, dans le mesure du possible, des autres DOMS-TOMS. C’est en ce sens que je vous présente cette semaine une jeune réunionnaise, Fanny Hoarau avec qui j’ai pu parler de son parcours depuis son départ de la Réunion.
Peux-tu te présenter de façon générale
Je m’appelle Fanny Hoarau j’ai 21 ans je suis née au Port à l’île de la Réunion, je suis actuellement au Rodez Aveyron Football, évoluant au poste de latérale gauche et/ou milieu gauche.
Parles-nous de ton profil de joueuse de foot.
Je suis une joueuse de petit gabarit donc vive et rapide, j’aime bien le jeu de tête. Etant gauchère je dirais que mon point faible c’est le pied droit et parfois un manque d’agressivité dans mes duels…
Quels ont été tes Premiers contacts avec le foot ?
J’avais 6 ans et demi et j’ai dit à mes parents que je voulais jouer au football je ne sais plus pour quelles raisons, sans doute par mon père qui en faisait. Je ne voulais plus continuer mes activités précédentes : la danse indienne et le cirque. Mes parents ont de suite accepté donc pas de difficultés.
Comment s’est passé ton recrutement depuis la Réunion ?
J’ai toujours voulu évoluer en Métropole pour le foot. C’était assez compliqué…
J’étais à la Coupe Nationale avec la Réunion, j’ai été repérée pour Clairefontaine je devais y aller sans problème mais c’était difficile à 14 ans pour moi et mes parents de partir si loin seule. Après réflexion et courage, je tente à nouveau ma chance l’année suivante en faisant des tests à Clairefontaine. Ils m’envoient au Pôle de Toulouse mais malheureusement il n’y avait pas ma spécialité scolairement et entre temps j’étais passée par Strasbourg dans un lycée section sportive pour des tests également où j’ai été prise, j’ai accepté d’autant plus que j’ai de la famille là-bas. Mais J’ai eu quelques appréhensions au moment d’accepter comme toute personne qui part seule qui ne connait ni le lieu, ni les personnes, ni le climat de l’endroit.
Arrivée dans l’Hexagone comment se passent tes premières années ?
Bien ! Je me suis bien intégrée en club et à l’école ils étaient très sympathiques et généreux, je les en remercie encore.
Avec Bischheim je ne cessais d’évoluer, passer des U18 à l’équipe 2 et me retrouver avec l’Équipe 1 en D2* en si peu temps… ça a été la même chose avec Vendenheim. J’étais impressionnée par le niveau car il est très différent de celui de la Réunion. En ce qui concerne le climat : il fait froid et je ne me suis toujours pas adaptée.
À Ton arrivée à Rodez, tu découvres un peu plus la D1* Féminine, comment cela se passe ?
Bien aussi. Je suis arrivée en septembre 2014, en étant très bien accueillie et intégrée, j’ai eu la chance de trouver ma place dans la ligne de défense assez rapidement étant la seule gauchère de l’équipe. J’ai retrouvé mes repères après 2 ans de D2. Mais j’ai encore plein de choses à améliorer et à apprendre bien sûr…
Ton évolution en D1 te permet d’intégrer l’Equipe de France qu’est-ce que tu ressens à ce moment-là ?
Que du bonheur, très heureuse…Atteindre l’équipe nationale en deux ans était pour moi inimaginable.
Tu as participé à la coupe du monde des U20 au Canada. Sur le plan personnel et collectif qu’as-tu retenu de cette aventure ?
Sur le plan personnel c’était la première fois que je voyageais hors France (sans compter La Réunion) et surtout première compétition pour moi en équipe de France. Sur le plan collectif : j’ai appris à connaître mes coéquipières et le staff, on s’est très bien entendu et soutenu, on avait vraiment une très bonne équipe. En gros je ne retiens que du positif dans cette aventure.
Durant cette compétition tu as pu croiser Mylaine Tarrieu qui, certes ne vient pas du même endroit que toi mais qui a un parcours similaire au tien… Comment avez-vous partagez ce moment ?
Très bon partage, toutes les deux timides et expatriées on n’a eu aucun mal à se trouver. On passait nos journées dans les chambres à écouter du zouk. Je crois que c’était avec elle que je m’entendais le mieux.
Tu es également championne du monde universitaire avec l’équipe de France comment as-tu vécu cette aventure, était-ce différent de la coupe du monde ?
J’étais en universitaire car j’avais moins d’un an de diplôme (BTS NRC donc bac+2) et maintenant je travaille. Cette aventure était très différente de la coupe du monde. On était tout le temps au village donc on croisait et côtoyait des gens d’autres pays, une cérémonie d’ouverture exceptionnelle, on allait soutenir les autres disciplines…mais il n’y avait pas autant de publics qu’au Canada.
Ta présence en équipe de France ne t’empêche pour autant pas de suivre la sélection réunionnaise avec qui tu as participé aux Jeux des îles et de l’océan Indien cet été. Quelle importance accordes-tu à cette sélection ?
Non cela ne m’empêche pas du tout de suivre la sélection réunionnaise car la Réunion est un département français, c’est comme si je jouais pour l’Alsace ou l’Aveyron.
La sélection de la Réunion compte beaucoup pour moi, c’est mon île, mon sang, où j’ai grandi, il était important pour moi de lui rendre cette faveur. Je me devais de porter mes couleurs.
Parle-nous de votre parcours aux Jeux des îles et de l’océan Indien.
La compétition aux Jeux des îles avait mal commencé, perdre le premier match sur penalty contre Madagascar en étant favoris nous a mis une claque mais nous a boosté aussi, on jouait chez nous, avec des Kreopolitaines, on produisait du jeu… La Réunion se devait d’emporter l’or. Après ce faux pas on a gagné tous nos autres matchs également la finale contre Madagascar 3-1. On avait un vrai groupe même si on ne s’était jamais côtoyé et qu’on n’avait jamais joué ensemble.
À seulement 21 ans tu es médaillée de bronze et double médaillé d’or, où comptes-tu t’arrêter ?
L’avenir nous le dira…
En conclusion, aurais-tu un conseil pour un jeune qui comme toi, souhaiterait quitter son île pour débuter l’aventure ?
Va au bout de tes rêves, ne recule pas et ne lâche rien… Tout sacrifice paie !!!
Merci Fanny pour ta disponibilité ! Bonne continuation avec Rodez !
#LeDicoDesOuPas
D1 / D2 : Division 1 et 2 de football féminin équivalent de LIgue 1 et 2 chez les hommes.
Kréopolitaine : Mot utilisé pour parler des sportifs expatriés en Hexagone
ByeBye Fans (Ou Pas) de foot !